Taxe du Halal حلال  en France 

Taxe du Halal حلال  en France 

Taxe sur le halal licite 1

 

 

sourate 3 آل عمران āli ʿImrān la famille de Imran verset 92

Vous n'atteindriez la (vraie) piété que si vous faites largesses de ce que vous chérissez. Tout ce dont vous faites largesses, Dieu le sait certainement bien

لَن تَنَالُوا۟ ٱلْبِرَّ حَتَّىٰ تُنفِقُوا۟ مِمَّا تُحِبُّونَ وَمَا تُنفِقُوا۟ مِن شَىْءٍ فَإِنَّ ٱللَّهَ بِهِۦ عَلِيمٌ

lan tanalou albira ĥata tounfiqou mima touĥibouna wama tounfiqou min cha'in fa'îna Allaha bihi Ɛaliymoun

Salam سلام Paix soit sur vous tous.

De part le Nom de DIEU* Tout Clément et Tout Plein de Miséricorde

 بِسْمِ ٱللَّهِ ٱلرَّحْمَٰنِ ٱلرَّحِيمِ 

biSmi Allahi alRaĥmani alRaĥiymi

Je cherche la protection  DIEU* contre le Satan le lapidé

  أَعُوذُ بِٱللَّهِ مِنَ ٱلشَّيْطَٰنِ ٱلرَّجِيمِ

aƐouđou biAllahi mina alChayŤani alrajiymi

*DIEU الله Allah. (qui veut dire le seul Dieu Unique à être adoré  ʾIlāh  إله en hébreu  אֱלֹהִים 'Elohîm /ʾEl אֱל/ Eloah אֱלֹהַּ / Elaha אֱלָהָא).  

Que la Louange soit à DIEU الْحَمْدُ للّهِ Hamdou İllah, l’Unique à qui notre dévotion et notre infime reconnaissance, est envers Lui notre Seul Créateur الخالق Al-Khāliq Celui de toutes existences, vivantes, mortes, mobiles ou figées.

 

Subtilité du mot pour son utilisation.
REDEVANCE: Taxe qui doit être payée à une date déterminée. Synonyme : affranchissement, charge, droit, impôt, dette
Une redevance  montant demandé à l’usager en contrepartie de l’utilisation d’un service public. Est un paiement qui doit avoir lieu de manière régulière, en échange d'un droit d'exploitation (brevet, droit d'auteur, droit des marques, mine, terre agricole, etc.) ou d'un droit d'usage d'un service.
Une rémunération au sens de commission commerciale versée pour rémunérer un service rendu, notamment en compensation d'un engagement de ne pas faire.
La redevance se distingue d'une taxe en ce que la première est un prélèvement non obligatoire payé par l'usager d'un service (exemple : ticket de musée), quand la deuxième est un prélèvement obligatoire au profit d'un service public déterminé duquel le débiteur de la taxe est usager.
Textes

Code de commerce, articles L663-1, L761-3, R123-7, R123-153, R123-208-3, R937-10
Code de la propriété intellectuelle, articles, L131-8, L132-13, L132-21, L331-1-3, L411-2, L521-7, L612-16 et s., L613-12 et s., L614-23, L615-7, L623-16 et s.

 

.Cette Taxe camouflée en Redevance il serait bien que les organisation musulmanes qui la perçoit disent  de quelle somme il s'agit par année et qui la reçoit ? A qui elle bénéficie en France est-elle versée à des organisations étrangères dites humanitaires  à des lieux de culte musulmans en France etc. 

Taxe (redevance) du حَلٰل Halal  en France 

Le marché du halal en France a représenté un chiffre d'affaires de 5,5 milliards d'euros en 2014 soit 175 euros par seconde environ (compteur)

Près de 10 milliards de dépenses alimentaires et autres en France Pour près de 10 millions de musulmans en France.

compteur en direct du chiffre d'affaire du حَلٰل halal en France

https://planetoscope.com/Commerce/1910-.html#:~:text=Le%20marché%20du%20halal%20en,par%20seconde%20environ%20(compteur).

Le Mois béni du Jeûne de Ramadan Un marché juteux ou commerçant  vont se remplir leur tiroir caisse donc les poches ainsi que les collecteurs de la taxe dit (حَلٰل Halal licite) au détriment de qui ?

Le حَلٰل Halal (permis-licite) pas si حَلٰل Halal  (licite-permis) que Cela!

Quand la pratique peut aller vers le Harām حَرَام l’İllégal ; l’İllicite ; l’İnterdit ; l’İnviolable ; (contre) le  Sacré décision de DIEU* (voir definition ci-dessus)  

Le rôle de la mise en place de la  « convenance de la cuisine et des aliments כשרות המטבח והמאכלים kashrout hamitba'h véhamaakhalim » dans la fédération des institutions consistoriales du judaïsme français au début du 19èsiècle a été de première importance. C’est sans doute ce qu’avait en tête le ministre de l’Intérieur Charles Pasqua lorsqu’en 1994 il crut possible de donner aux signataires de la Charte du Culte Musulman des moyens financiers pour organiser un islam de France. Quand la rumeur a laissé dire ! la mouvance intégriste installent leurs pompes à finances dans certains abattoirs. En 1995 La volonté de la Mosquée* de Paris de prélever une contribution de 1 F au kg de carcasse. En 2002 (1 € = 6,55957 Franc Français) à ce jour 1 Franc Français = 0,1524 € . (il y a aussi les dérivés du حلال halal) .

*mosquée مَسْجِد masjid, جَامِع jâmi’ , مَسْجِد الجَامِع  masjîd al-jâmi' lieu de rassemblement pour la prière commune et pour le jour du Vendredi et des deux seules fêtes musulmane (lors de la fin du jêune de Ramadan et de la fin du Pèlerinage à la Mecque (jour du sacrifice rituel)

Fête de la rupture du jeûne du mois de Ramadan http://lamosquedethouars.e-monsite.com/pages/fete-de-la-rupture-d-al-fi-r.html

Fête de la fin du Pèlerinage (sacrifice rituel) http://lamosquedethouars.e-monsite.com/pages/fete-du-sacrifice-aid-el-kebir-aid-al-adha-2015-1436.html

Près de 30 années de discutions.

Il serait intéressant que ceux qui encaissent la taxe(redevance) dite du حَلٰل halal nous disent ou part cet argent qui derechef devrait aller avant tout, au profit des organisations et  associations musulmanes religieuses pour les travaux de construction d’agrandissement de rénovation d’entretient de formation des imams quelques soit leurs écoles juridique, d’achat de livres utiles arabe, et bilingue (français il en existe plus de 500) pour la communauté musulmane des Nations des Croyants أمة المؤمنين Ummat al-Muʼminīn et d’organisation d’expositions itinérantes à travers la France et Dom Tom pour expliquer à ceux qui le désirent c’est quoi la religion musulmane  sa Foi Religieuse, son Histoire, ses Arts à travers les siècles depuis le 7è siècle de notre ère.

A ce jour rien de précis de limpide, de concret, le  flou total  semble t-il voulu par beaucoup au vue des milliards qui sont en jeux. A Quand la transparence,  a quand les dirigeants des grandes organisations musulmanes qui ont pignons sur rue et palais de l’Elysée qui se disent représenter la communauté musulmane dans son ensemble nous diront la vérité ?

OU EST NOTRE ARGENT DE CETTE TAXE QUI NOUS REVIENT A NOUS LES MUSULMANS EN FRANCE ?

Je vous laisse à la lecture de ces quelques articles de presses et d’investigations qui en disent long sur une pratique qui semble être douteuse si cela est avéré, et très loin du حَلٰل Halal, Licite - Permis -Autorisé selon les préceptes de la Foi Musulmane et la Loi Française et plus proche du Harām حَرَام l’İllégal - İnterdit  selon les préceptes de la Foi Musulmane et la Loi Française!

Attention aux collecteurs dit du حَلٰل Halal , vous aurez des comptes à rendre non seulement si ces fait son fondés devant le Justice de pays, si il y a arnaque, fraude, racket, enrichissement personnel et autre mais pire encore devant notre créateur en tant que croyants musulmans

J’invite toutes les associations musulmanes petites moyennes et grandes à faire un courrier collectif ou individuel à ces organismes qui collecte cette taxe pour récupérer ce qui leur est du de part le respect de cette mesure (Taxe en complément de la TVA 10%)  mise en place envers les commerçants (grandes ou petites entreprises et surtout envers les consommateurs qui sont les premiers indexé par cette application.

lien vidéo Youtube sur le sujet /https://youtu.be/jdxZli7xi6I

  ۩ Sourate 10 يونس Yoùnoùs Jonas verset 59

قُلْ أَرَأَيْتُم مَّا أَنزَلَ اللّهُ لَكُم مِّن رِّزْقٍ فَجَعَلْتُم مِّنْهُ حَرَاماً وَحَلاَلاً قُلْ آللّهُ أَذِنَ لَكُمْ أَمْ عَلَى اللّهِ تَفْتَرُونَ

Dis : «Avez-vous vu tous les biens que DIEU vous a prodigués pour subvenir à vos besoins et dont vous avez déclaré une part interdite et une autre licite?» Dis : «Est-ce Dieu qui vous l'a permis? Ou est-ce une invention que vous mettez sur le compte du Seigneur?»

Qoul ara'aytoum ma anzala Allahou lakoum min rizqin fajaƐaltoum minhou Ĥaraman waĥalalan qoul Allahou ađhina lakoum am εala Allahi taftarouna

 ۩ Sourate 83 المطففين al-Muṭaffifīn les Fraudeurs  verset 1 et 3

وَيْلٌ لِّلْمُطَفِّفِينَ

1- Malheur aux fraudeurs

Wayloun lilmouŤafifiyna

وَإِذَا كَالُوهُمْ أَو وَّزَنُوهُمْ يُخْسِرُونَ

3- mais qui lorsque eux-mêmes mesurent ou pèsent pour les autres faussent le poids et trichent dans la mesure((amoindrissent) !

wa'îđha kalouhoum aw wazanouhoum youķhçirouna

۩  Sourate 26 الشعراء Ash-Shu'araa les Poètes verset 181

أَوْفُوا الْكَيْلَ وَلَا تَكُونُوا مِنَ الْمُخْسِرِينَ

Donnez la pleine mesure ! Ne soyez pas des fraudeurs !

Awfou alkayla wala takounou mina almouķhçiriyna

La taxe(redevance) qui devrait servir d’aumône au profit  d’utilisation religieuse mais qui risque d’aller au profit de certaines personnes ( sur des pratiques douteuses au même titre que la fonction de l’usure ٱلرِّبَوٰا riba)

l'intérêt" (l'usure)  ٱلرِّبَوٰا۟  alriba cité 3 fois

۩  Sourate 2 البقرة la Vache al Baqara Verset 275  

 

Texte complet :

Ceux qui mangent [pratiquent] (prélèvent consomment) de l'intérêt usuraire ne se tiennent (au jour du Jugement dernier) que comme se tient celui que le toucher de Satan (déconcerté - contrôlés par l’influence -par le contact du diable/ la force malveillante) a bouleversé (par la manipulation). Cela, parce qu'ils disent: (prétendent)"Le commerce est tout à fait (similaire) comme l'intérêt" (l'usure) Alors que DIEU a rendu licite (permet) le commerce, et illicite  (interdit) l'intérêt (l'usure).  (Ainsi) Celui, donc, qui cesse dès que lui est venue une exhortation (prend considération de ce commandement) de son Seigneur, (et s’abstient de l’usure) peut conserver (garder)  ce qu'il a acquis auparavant* (ses gains antérieurs/passés); et son affaire (cas -jugement) dépend (est avec) de DIEU. Mais quiconque - (à ceux qui) récidive... alors les voilà, les gens (compagnons -affiliés -accoutumés) du Feu de l'Enfer! Ils y demeureront éternellement (pour toujours).


ٱلَّذِينَ يَأْكُلُونَ ٱلرِّبَوٰا۟ لَا يَقُومُونَ إِلَّا كَمَا يَقُومُ ٱلَّذِى يَتَخَبَّطُهُ ٱلشَّيْطَٰنُ مِنَ ٱلْمَسِّ ذَٰلِكَ بِأَنَّهُمْ قَالُوٓا۟ إِنَّمَا ٱلْبَيْعُ مِثْلُ ٱلرِّبَوٰا۟ وَأَحَلَّ ٱللَّهُ ٱلْبَيْعَ وَحَرَّمَ ٱلرِّبَوٰا۟ فَمَن جَآءَهُۥ مَوْعِظَةٌ مِّن رَّبِّهِۦ فَٱنتَهَىٰ فَلَهُۥ مَا سَلَفَ وَأَمْرُهُۥٓ إِلَى ٱللَّهِ وَمَنْ عَادَ فَأُو۟لَٰٓئِكَ أَصْحَٰبُ ٱلنَّارِ هُمْ فِيهَا خَٰلِدُونَ

  

alađhiyna ya'koulouna alriba la yaqoumouna îla kama yaqoumou alađhi yataķhabaŤouhou alChayŤanou  mina almaçi* đhalika bi'anahoum qalou înama albayƐou mithlou alriba wa'aĥala Allahou  albayƐa waĥarama alriba faman ja'ahou  mawƐiŽatoun min Rabihi  fântaha falahou ma çalafa wa'amrouhou* îla Allahi waman Ɛada fa'oula'ika aSĥabou alNari houm fiyha ķhalidouna.

un article sur le sujet de l'usure est en cours de préparation merci de votre patience.

Dans les médias

Dans le fait juridiquement de part la Loi Française cela dure depuis plus de 20 années

Senat : MISSION D’INFORMATION SUR L’ORGANISATION, LA PLACE ET LE FINANCEMENT DE L’ISLAM EN FRANCE ET DE SES LIEUX DE CULTE

le terme utilié:Une redevance pour services rendus, et non une « taxe حَلٰل‎ halal », finançant le ... Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a été créé en 2003

A quoi et à qui a servie cette "redevance"?

https://www.senat.fr/fileadmin/Fichiers/Images/commission/missions/islam_en_france/14-Brochure_Mission_Islam.pdf

Question écrite n° 06796 de M. Olivier Paccaud (Oise - Les Républicains)

publiée dans le JO Sénat du 20/09/2018 - page 4736

M. Olivier Paccaud attire l'attention de M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur sur le projet de taxe halal.

Parmi ses mesures, le rapport de l'Institut Montaigne paru en septembre 2018 et intitulé « La Fabrique de l'islamisme » propose la création d'une association musulmane pour l'islam de France (Amif), chargée d'organiser et de financer le culte musulman et de mettre en œuvre une série de solutions. Cet institut serait financé par une taxe sur les produits « حَلٰل‎ halal ».

Il souhaite savoir si le Gouvernement compte retenir l'idée de créer une « taxe حَلٰل‎ halal » pour financer l'islam de France.

Transmise au Ministère de l'intérieur

Réponse du Ministère de l'intérieur

publiée dans le JO Sénat du 24/01/2019 - page 419

La création d'une taxe, prélevée par les pouvoirs publics sur les produits « halal » et destinée à financer le culte musulman, n'est juridiquement pas envisageable. Il résulte du principe constitutionnel de laïcité et de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Églises et de l'État que la République française ne salarie ni ne subventionne aucun culte. L'affectation d'une recette fiscale au culte musulman contreviendrait donc clairement à l'article 2 de la loi du 9 décembre 1905 ; il en irait de même d'une affectation indirecte. L'affectation d'une recette fiscale à un organisme privé n'est possible que si ce dernier est chargé d'une mission de service public, qualité qui ne peut être reconnue à l'exercice du culte sous l'empire de la loi de 1905. En outre, le principe même d'une telle taxe contreviendrait au principe constitutionnel d'égalité devant l'impôt, qui résulte à la fois du principe d'égalité devant la loi fiscale (article 6 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen) et de celui d'égalité devant les charges publiques (article 13 de cette même déclaration). En vertu de ce principe, toute différence de traitement fiscal doit être justifiée par une raison d'intérêt général en rapport direct avec la loi, ce qui ne peut pas être le cas d'objectifs de nature religieuse. Enfin, dans le cadre du principe constitutionnel de laïcité, il ne serait techniquement pas non plus possible de définir l'assiette d'une telle taxe, dès lors que cette définition est strictement de nature religieuse et qu'il n'existe aujourd'hui aucune norme commune partagée et reconnue par l'ensemble des acteurs. Si le rapport de l'Institut Montaigne « La fabrique de l'islamisme » paru en septembre 2018 propose la création d'une institution chargée d'organiser et de financer le culte musulman en France, il n'y est pas, en tout état de cause, fait mention de l'instauration d'une taxe destinée à financer cette institution. Rien ne s'oppose en revanche à ce que le prélèvement d'une telle contribution financière résulte d'une initiative privée, par les protagonistes du marché « halal », et soit reversée à une association dont l'objet serait de financer le culte musulman.


L'Institut Montaigne préconise une « taxe حَلٰل‎ halal » contre l'islamisme*

*Définition simplifiée: Mouvement prônant l'expansion ou le respect de l'islam, un mouvement radical qui mêle politique  et religion. Il préconise l’application de lois islamistes.

.Le Point 10/06/9/2018

Taxe halal, enseignement de l'arabe à l'école ou encore construction de mosquées. Un rapport propose des mesures pour lutter contre le fondamentalisme.

C'est un rapport qui était particulièrement attendu. Rédigé par l'essayiste Hakim El Karoui et présenté sur RTL, il met notamment en avant une idée chère à l'Institut Montaigne : la création de l'Association musulmane pour l'islam de France (Amif). Celle-ci serait financée en partie grâce à une « taxe halal ».

Selon le nouveau rapport de l'Institut Montaigne, qui doit être adressé au président de la République et à tous les partis politiques, « les musulmans se sont enrichis, contrairement à ce qu'on croit et ils pratiquent beaucoup », a résumé Hakim El Karoui**.essayiste et consultant français. Proche du pouvoir politique exécutif, Il y a donc « de plus en plus d'argent lié à la consommation : le pèlerinage, le halal, le don ».

** Son oncle, Hamed Karoui, a été Premier ministre de Tunisie sous l'ère de la présidence du dictateur Zine el-Abidine Ben Ali, de 1989 à 1999. Un autre de ses oncles, Ahmed Ben Salah, est ministre sous la présidence d'Habib Bourguiba (premier président dictateur de la République Tunisienne).

« L'idée, c'est de créer une organisation neutre, indépendante des pays d'origine, indépendante de ceux qui tiennent aujourd'hui les mosquées, pour prélever une toute petite somme d'argent sur chaque acte de consommation et réinvestir cette somme d'argent dans le travail théologique, parce que c'est la mère de toutes les batailles », a développé le consultant. Cette structure pourrait notamment gérer une « taxe halal », idée maintes fois évoquée depuis les années 90 pour financer l'islam de France. « Il n'y a pas de taxe halal au

sens où il y aurait un impôt prélevé par l'État », a expliqué l'ancien banquier. Le prélèvement serait géré par l'association et s'inspirerait de la « taxe de cacherout » de la communauté juive, gérée par les rabbinats et qui permet de certifier les produits « casher », a-t-il développé.

Enseigner l'arabe à l'école

L'association pourrait investir « dans la formation de cadres religieux, la construction pourquoi pas de certaines mosquées », a-t-il ajouté. Et rendrait un « service utile aux fidèles » en se posant comme « régulateur » des flux financiers, parfois « opaques » dans la communauté musulmane. Hakim El Karoui, qui a l'oreille d'Emmanuel Macron, préconise également de renforcer l'apprentissage de l'arabe à l'école publique. « Le nombre d'élèves qui apprennent l'arabe au collège et au lycée a été divisé par deux. Il a été multiplié par dix dans les mosquées, il faut savoir ce qu'on veut », a-t-il argué.

Son rapport constate « la progression de l'idéologie islamiste chez les musulmans de France », a-t-il résumé. Les salafistes – branche rigoriste de l'islam – « gagnent du terrain à l'intérieur de la communauté », surtout chez « les jeunes de moins de 35 ans ». La quasi-totalité des réponses sur Internet aux questions religieuses est fournie par des prédicateurs proches des salafistes, s'inquiète Hakim El Karoui, qui pointe aussi le développement de sites communautaires, d'hébergement ou de covoiturage « halal ».

Lire aussi. Coignard - Islam de France : la question du « comment ? »

Ce rapport est publié alors que sont organisées jusqu'à la mi-septembre des « assises territoriales de l'islam de France » dans chaque département, sous l'égide des préfets, pour faire émerger des propositions inédites. À l'issue de cette concertation, « dès l'automne », l'exécutif donnera « à l'islam un cadre et des règles garantissant qu'il s'exercera partout de manière conforme aux lois de la République », avait déclaré, début juillet, Emmanuel Macron devant le Congrès réuni à Versailles.

Une taxe halal pour financer les mosquées ?

L’Express Presse : le Parisien Le 7 septembre 2018

Un rapport qui sera publié dimanche relance l’idée de prélever une somme sur les produits alimentaires destinés aux musulmans.

En débat depuis un quart de siècle, avancée dès 1994 par Charles Pasqua, alors ministre de l'Intérieur, la taxe halal حلال, véritable serpent de mer, revient sur le devant de la scène. Un rapport, qui doit être publié dimanche soir par l'Institut Montaigne, think-tank libéral, recommande, entre autres suggestions, de prélever une contribution sur les produits issus de l'abattage rituel, afin de financer les constructions de mosquées et limiter ainsi les fonds en provenance de l'étranger.

Dévoilé ce vendredi par Europe 1, ce document a été rédigé par Hakim El Karaoui, entrepreneur et essayiste proche d'Emmanuel Macron. Intitulé, selon nos informations, « La Fabrique de l'islamisme », il est notamment destiné au président de la République qui a annoncé, pour l'automne, une réorganisation de l'islam de France. Le rapport propose que la taxe حَلٰل‎ halal soit pilotée par un nouvel organisme chargé de financer le culte de la deuxième religion dans notre pays, une structure appelée Association musulmane pour l'islam de France.

Un marché très opaque et complexe

Si la mesure, préconisée depuis très longtemps, n'a jamais pu aboutir, c'est parce que le marché hexagonal du حَلٰل‎ halal, en plein essor mais toujours très opaque, est extrêmement complexe. Il n'existe pas un label unique, mais une multitude de normes. Trois mosquées — celles de Paris, Evry et Lyon — sont habilitées à désigner des sacrificateurs dans les abattoirs dont les pratiques sont contrôlées par une multitude d'agences indépendantes de certification.

« D'un organisme à l'autre, les critères ne sont pas les mêmes, notamment en ce qui concerne l'étourdissement de l'animal », décrypte Abbas Bendali, à la tête de Solis, cabinet spécialiste du marché halal en France. Un secteur qu'il évalue à « 5,5 milliards d'euros ». « Pour 85 %, c'est de la viande brute », chiffre-t-il.

« Une invention française »

Pour que le chantier d'une redevance حَلٰل‎ halal puisse se concrétiser, il faudrait donc que les représentants de l'islam de France uniformisent les règles. Pour l'expert Bernard Godard, « Monsieur Islam » au ministère de l'Intérieur de 1997 à 2014, instaurer une taxe halal « n'est pas impossible » s'il y a un consensus. Ce qui est loin d'être gagné.

« Il faut réussir à réunir de manière contractuelle les professionnels de la viande », avance-t-il. Selon lui, ce type de prélèvement n'existe pas dans les pays musulmans. C'est une « invention française », « une démarche commerciale » qui n'a pas de légitimité religieuse, ce qui pourrait nuire à sa popularité.

Au Conseil français du culte musulman (CFCM), on n'est pas opposé à une taxe حَلٰل‎ halal à condition que cette « piste » ne soit pas « ordonnée » par l'Etat. « On est dans un pays laïc. Il ne peut y avoir d'ingérence. Le حَلٰل‎ halal , c'est cultuel, ce sont aux autorités musulmanes d'en définir les règles », martèle Ahmet Ogras, président du CFCM

Faut-il instaurer une taxe halal ?

Presse Liberation :publié le 21 novembre 2018 

 Le vice-président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Anouar Kbibech, est un fervent partisan de la mise en place d’une redevance حَلٰل‎ halal qui pourrait, selon lui, rapporter chaque année une cinquantaine de millions d’euros.

Pourquoi faut-il, selon vous, une taxe sur les produits حَلٰل‎  halal ?

La question du financement du culte musulman est récurrente en France depuis plusieurs années. La volonté est qu’il trouve son autonomie, notamment vis-à-vis des financements étrangers. Parmi les différentes sources possibles, il y a cette redevance حَلٰل‎ halal  Nous ne parlons pas de taxe mais bien de redevance car taxe signifierait impôt, et donc intervention de l’Etat. Quoi qu’il en soit, cette redevance existe déjà. C’est la dizaine d’organismes de certification (des opérateurs privés) en France qui la perçoivent. Pourtant, c’est de l’intérêt général dont il s’agit. Nous devons nous donner les moyens pour que cette redevance puisse bénéficier aux musulmans.

Comment pourrait-elle être mise en place ?

Au sein du CFCM, nous discutons avec ces organismes de certification depuis une dizaine d'années. Leur posture a d'abord été de nous dire qu'ils s'en sortaient à peine économiquement. Depuis deux ans, petit à petit, ils ont commencé à intégrer la nécessité de contribuer, de façon effective, au financement du culte musulman. L'idée, je crois, fait son chemin. Je l'ai constaté pendant la tenue des assises territoriales sur l'islam de France. La situation ne peut plus continuer comme avant. Ce serait l'association nationale culturelle que nous avons mise en place cet été avec l'accord de toutes les grandes fédérations musulmanes qui collecterait cette redevance. Elle pourrait rapporter entre 50 et 60 millions d'euros par an.

Pouvez-vous contraindre les organismes de certification à reverser cette redevance ?

Au début de notre réflexion, nous avions évoqué un prélèvement de 10 à 20 centimes sur chaque kilo de viande حَلٰل‎ halal. Cela supposait que les organismes de certification déclarent d’une manière précise le tonnage qu’ils contrôlent, des calculs très compliqués. Désormais, l’idée sur laquelle il commence à y avoir un consensus est celle d’une contribution forfaitaire en fonction de l’importance de chaque opérateur sur le marché. Elle serait évidemment volontaire, puisque nous n’avons pas les moyens d’imposer quoi que ce soit. Nous voulons leur proposer une démarche gagnant-gagnant, en les accompagnant dans leur démarche et en les soutenant par la mise en place d’un label halal commun qui rassurerait les consommateurs musulmans.

Contre

Pour l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler, spécialiste de l’islam et du marché حَلٰل‎ halal, instaurer une redevance favoriserait une culture fondamentaliste dans les milieux musulmans.

Vous estimez que l’instauration d’une redevance حَلٰل‎ halal en France n’est pas souhaitable. Pourquoi ?

Le marché  حَلٰل‎ halal diffuse une norme fondamentaliste. Ce n'était pas le cas dans les années 90 quand il est apparu. Il y avait alors quelques interdits portant sur l'alimentation carnée essentiellement, le reste était permis. Depuis, le marché s'est étendu à tous les produits de consommation, les aliments non carnés, aux services, comme la mode modeste, le tourisme, et bien sûr la finance islamique, propageant l'idée qu'en islam, tout est interdit sauf ce qui est permis. L'extrême compétitivité, la surenchère, même, a donné l'avantage à la conception de la norme véhiculée par les mouvances fondamentalistes (Frères musulmans et salafistes). Pour satisfaire le plus grand nombre, le marché halal consacre désormais les normes les plus strictes. Cette extension n'est pour moi pas du tout l'expression d'une modernisation du monde musulman. C'est le symptôme d'une culture islamique mondialisée à la fois séparatiste et prosélyte.

En quoi cette culture fondamentaliste serait-elle favorisée ?

Nous avons affaire à une culture islamique globale, en rupture avec les traditions musulmanes locales en voie de désintégration. Le marché حَلٰل‎ halal global est le véhicule des normes islamiques les plus conservatrices et rétrogrades. Les acteurs du marché, quant à eux, la promeuvent de façon irréfléchie et prennent des risques à moyen et long termes.

Vous pensez aussi que ce projet n’est pas réalisable. Pourquoi ?

En France, une redevance est déjà prélevée par les organismes de certification, dont certains sont liés à des mosquées. Elle rémunère essentiellement les contrôles opérés sur les produits. Les montants varient selon les prestations, ce sont là des secrets commerciaux. Les organismes de certification se livrent une compétition féroce et je ne vois pas comment ils pourraient être amenés à s’entendre. Il faudrait l’impulsion de la puissance publique pour mettre en place un organisme de collecte national, ce qui n’est pas conforme à la loi de 1905..

Pour financer l'islam de France, l'idée d'une taxe sur le حَلٰل‎ halal refait surface, déclenchant l'ire de la communauté musulmane. (des marchands du حَلٰل‎ halal  "Licite- Permis "propros du Modérratyeur du site de la mosquée de Thouars)

l pèse ses mots, se tortille un peu dans son fauteuil, goûte à ces quelques secondes de silence qui précèdent une attaque, et puis se lâche enfin : "C'est une absurdité totale." Ce lundi 1er octobre, dans son bureau lambrissé de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, recteur de l'institution, est en colère. L'objet de son courroux ? Le projet de taxe حَلٰل‎ halal qui refait surface dans un épais rapport de l'Institut Montaigne, rédigé par l'essayiste et spécialiste de l'histoire de l'Islam Hakim El Karoui et remis en septembre à l'Elysée.

Cette somme de 600 pages, intitulée "La fabrique de l'islamisme", préconise notamment la mise en place d'une redevance sur tous les produits  حَلٰل‎ halal vendus en France, laquelle serait collectée par une autorité confessionnelle autonome. L'objectif : financer de façon indépendante l'islam de France. "C'est un non-sens juridique. El Karoui est un banquier qui n'a qu'une vision de papier glacé de la réalité. Il confond tout." La critique est sévère. Elle n'est pas isolée. "C'est la cerise sur le gâteau. Cet homme se prend pour le grand sauveur de l'islam. Cette redevance est impossible à mettre en place", tempête Kamel Kabtane, recteur de la grande mosquée de Lyon. 

Des banderilles qui laissent de marbre l'auteur de la proposition. Sans relâche, Hakim El Karoui défend l'urgence de trouver des sources de financement transparentes et pérennes pour financer le culte, la construction de mosquées ou d'écoles, ou le versement d'un salaire décent aux imams. Ce qui nécessite, selon lui, de donner un grand coup de pied dans la fourmilière. "Après tout, ce que je propose, c'est simplement de copier l'organisation du rite casher. Sauf qu'aujourd'hui le business حَلٰل‎  halal, c'est l'anarchie, la nébulosité et le règne des conflits d'intérêts. Ceux qui s'élèvent contre cette taxe sont les mêmes que ceux qui sont assis sur le magot et ne veulent pas en perdre une miette."

Un marché estimé à 5 milliards à 10 milliards en 2021 d'euros

Le magot ? C'est le marché des produits estampillés حَلٰل‎ halal, une des seules niches de l'agroalimentaire, avec le bio, à connaître une croissance à deux chiffres. Un secteur dont le chiffre d'affaires est estimé à près de 5 milliards d'euros et qui repose à 85 % sur le commerce de la viande, d'après Abbas Bendali, fondateur du cabinet Solis. Pour Hakim El Karoui, le calcul est vite fait : il suffirait de prélever à peine 1 % de ce résultat, et c'est une petite cinquantaine de millions d'euros qui tomberaient chaque année.

Pas si simple. Car si la mesure préconisée depuis des lustres - on en parlait déjà il y a vingt-cinq ans - n'a jamais vu le jour, c'est en grande partie en raison de la complexité et de l'opacité du marché. Taxer le halal, oui, mais quel halal ? Les textes religieux ne dressent pas une liste détaillée des aliments licites (حَلٰل‎ halal), mais précisent plutôt ce qui est interdit (haram) : le porc, le sang, l'alcool. Quant à l'abattage, il doit être, en théorie, réalisé par un musulman, la bête étant égorgée et saignée vivante, la tête tournée vers La Mecque.

Voilà pour la "loi islamique". Dans les faits, chacun y va de son interprétation des textes, en fonction des courants de l'islam... Pas de label unique, pas de référentiel officiel suivi par tous les acteurs de la filière viande (industriels et abattoirs), et surtout pas d'agence de contrôle indépendante et respectée de tous, chargée de surveiller les bonnes pratiques. Rien à voir avec le business du bio, très réglementé. "C'est le grand bazar sur le dos des consommateurs avec la bénédiction de l'État, tétanisé à l'idée d'ouvrir la boîte de Pandore et qui laisse tout faire au nom de la laïcité", s'enflamme Hanen Rezgui, présidente de l'Association de sensibilisation, d'information et de défense du consommateur musulman (Asidcom). 

Halal licite

Des "cartes" de sacrificateur vendues 160 euros

Comment en est-on arrivé là ? Tirer le fil de la pelote de laine nous fait remonter au tout début des années 1990. Charles Pasqua, alors ministre de l'Intérieur, accorde en 1994 à la Grande Mosquée de Paris - proche de l'Algérie - le monopole de la distribution des cartes de sacrificateur, autorisant à pratiquer l'égorgement des animaux selon le rite musulman. Pour calmer la jalousie naissante du roi du Maroc, le gouvernement français octroie le même privilège à la mosquée d'Evry (proche de Rabat), puis à celle de Lyon. Des permis que ces mosquées distribuent à tour de bras... moyennant finance. 

A quel tarif ? Silence gêné de Naïma Oiachour, la vétérinaire chargée du halal pour la Grande Mosquée de Paris. "160 euros la carte par an, mais, en échange, on dispense une formation au bien-être animal", finit par préciser la jeune femme. "Ces formations sont totalement bidon. Il n'y a d'ailleurs aucun stage pratique dans un abattoir", souffle un sacrificateur de la région nantaise, qui a obtenu son précieux sésame auprès de la mosquée d'Evry. 

Le brouillard est encore plus opaque pour ce qui est des contrôles. Au fur et à mesure que le halal s'est développé dans les grandes surfaces, une kyrielle d'organismes privés ou dépendant directement, pour les plus gros, des trois grandes mosquées de Paris, Evry et Lyon, ont fleuri sur le terrain vierge de la certification. Des officines discrètes, peu disertes, voire muettes, sur leurs résultats financiers mais qui prospèrent sur fond de scandales à répétition : traces d'ADN de porc dans des Knacki, poulets gazés avant d'être égorgés..

Le grand flou financier des organismes de contrôle

Seul AVS (A votre service), un des pionniers du secteur - d'inspiration fondamentaliste -, a vraiment joué la carte de la transparence financière lors de notre enquête. "Nous employons 200 contrôleurs et nous avons dégagé un chiffre d'affaires de 7 millions d'euros en 2016 pour 50 000 tonnes de viande contrôlées", détaille Fouad Imarraine, un des responsables de l'entreprise. Ailleurs, les notions de comptabilité sont plus floues. "Nous ne donnons aucun chiffre", affirme Kamel Kabtane, le recteur de la mosquée de Lyon. Ce dernier évoquait néanmoins en 2010 un bénéfice de 1 million d'euros.

La mosquée d'Evry, elle, n'a pas souhaité répondre à nos questions. Quant à celle de Paris, la simple évocation des recettes liées à la certification a mis tout l'état-major de l'institution en ébullition. "Je n'en ai aucune idée", nous a répondu Dalil Boubakeur. Il a fallu attendre que le directeur financier et administratif, appelé à la rescousse, déboule, brandisse quelques tableaux Excel et lance le chiffre de 400 000 euros. "Vous pouvez au moins rajouter un zéro, vu ce qu'ils nous facturent", commente, acide, le patron d'un très gros abattoir.

La certification, un marché très concurrentiel

Des contrôles, justement, qui sont facturés aux abattoirs entre 2 et 20 centimes le kilo de viande. Pourquoi un tel écart ? Tout dépend du cahier des charges. Bref, de la qualité de la prestation. "On trouve de tout : des inspections sérieuses comme de simples certificats de complaisance avec des tampons envoyés à l'avance", raconte Abderrahmane Bouzid, fondateur du cabinet AB Associates Conseil et ex-patron de Wassila, la marque halal de Casino. Pour les géants de l'agroalimentaire, aux marges aussi fines qu'une tranche de pastrami, plus les conditions d'abattage sont strictes, moins les cadences de production sont élevées. 

Du coup, il est très tentant d'aller vers le moins-disant. "Nos contrôleurs vérifient toute la chaîne de production. Nous, on ne fait pas de certification par Internet", tacle Kamel Kabtane, à la mosquée de Lyon. Un petit coup de pied à son collègue Boubakeur. Depuis deux ans, la Grande Mosquée de Paris est engluée dans un scandale de fraude avec la SFCVH (Société française de contrôle de la viande halal), son propre organisme de certification. Problème : la plupart des grandes marques, comme Carrefour, Fleury Michon ou encore Vanobel, apposent le logo de la SFCVH sur leurs produits. "Des erreurs ont été commises, on verra si on poursuit ce partenariat l'an prochain", commente simplement Dalil Boubakeur.

Tout ce micmac, les deux frères Karim et Slim Loumi (Les Lilas, Les jumeaux, Slim et Karim Loumi, viennent de tripler la surface de leur boucherie. Ils revendiquent de proposer de la viande bio, halal et haut de gamme) n'en voulaient plus. Ils tiennent avec une quinzaine de salariés une boucherie halal bio, Les Jumeaux, aux Lilas, dans la banlieue est de Paris. "On a finalement refusé de travailler avec AVS, qui nous voulait nous prendre 500 euros par mois juste pour afficher leur logo sur la devanture de la boutique. Leurs contrôleurs voulaient tout régir. Après tout, c'est moi le patron", tonne Karim en faisant rouler ses muscles d'ex-champion de karaté. Du coup, les deux frangins ont choisi de créer leur propre label avec leur propre réseau d'approvisionnement et leurs propres certificateurs : "Ce qui compte, c'est l'éthique et la confiance, non ?" conclut le jeune boucher.

Alors, comment taxer le halal alors que les contours du marché sont aussi flous ? Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a bien tenté de mettre tout le monde d'accord. En 2016, pendant des mois, les acteurs de la filière halal se sont écharpés pour mettre en place un référentiel commun. Au coeur des discussions : les conditions d'abattage des animaux. "Ce sont les tenants d'un islam pur et dur qui ont gagné. Pas question pour eux d'entendre parler d'électronarcose, une technique d'étourdissement qui permet de réduire la souffrance animale", déplore un membre du CFCM. Alors que les vidéos tournées clandestinement dans des abattoirs par l'association L214 commençaient à être diffusées, le ministre de l'Agriculture de l'époque, Stéphane Le Foll, demande au CFCM de ne pas communiquer sur cette charte, de peur de stigmatiser encore davantage la communauté musulmane. Un enterrement de première classe.

Plus de transparence et de traçabilité?

Nouvel échec quelques mois plus tard quand l'Afnor tente, elle aussi, de définir une norme. Les organisations musulmanes claquent la porte des négociations, arguant que l'Etat n'a pas à se mêler d'une affaire religieuse. "On compte près de 1,5 million de pratiquants qui n'achètent que des produits halal. Ceux-là sont prêts à payer plus, à condition que les contrôles soient sérieux, que la collecte de la taxe se fasse de façon transparente et que l'argent soit tracé", défend Aslan Timol, l'homme chargé du halal au CFCM.

Alors qu'Emmanuel Macron a promis, le 9 juillet dernier, devant les députés et les sénateurs réunis en Congrès à Versailles, "un cadre et des règles dès l'automne pour l'islam de France", le CFCM ne ferme pas complètement la porte. "Nous ne sommes pas opposés à une redevance... à condition qu'elle soit volontaire", concède Aslan Timol. Le 29 août dernier, l'organisation a d'ailleurs déposé les statuts d'une association pour le financement du culte musulman, laquelle pourrait servir de réceptacle à cette fameuse taxe. Cette coquille qui pourrait rester vide encore longtemps.

Open Editon journal numéro 84  année 2001

La viande حَلٰل‎ halal peut-elle financer le culte musulman ?

Par soucis de compréhension j’ai mis les mots en arabe là ou c’était nécessaire  et quelques rajouts de mises à jour

le modérateur Baudrier Gérard Ibrahim

La possibilité pour le culte musulman d’encaisser un supplément par kilogramme de viande provenant de l’abattage rituel d’animaux destinés à la consommation de cinq millions de musulmans (en 2021 près de 10 millions de musulmans) est envisagée avec crainte par l’Etat français tant que, n’ayant pas d’interlocuteur représentatif musulman, il ne sait pas à qui l’argent collecté pourrait bénéficier. Depuis 1905, la loi, dite de séparation des Eglises et de l’Etat, établit une frontière juridique qui donne, en principe, à la loi républicaine une suprématie puisque la séparation se fait par inclusion de la sphère juridique religieuse au système législatif. Mais dans un système mondialisé où les intérêts économiques passent parfois avant la volonté des Etats, l’existence d’un système de normes non attaché à un territoire, qui revendique une antériorité historique par rapport à la loi républicaine française, et qui pourrait acquérir une autonomie financière est particulièrement redouté. Les quelques principes de philosophie du droit rassemblés sous le vocable approximatif, fut‑il très riche et chargé de sens, de « laïcité », peuvent‑ils résister à une puissance financière qui s’habillerait des habits religieux ? Telle est, en résumé, l’implicite de l’éternel débat français sur l’islam et la laïcité. Dans ces circonstances, le problème du financement du culte musulman est, on le comprend, une affaire d’Etat qui depuis des décennies empoisonne les relations entre les pouvoirs publics et les associations islamiques notamment lorsqu’il s’agit d’aborder la question de l’organisation du marché de la viande حَلٰل‎ halal 

Arrêté du 15 décembre 1994 relatif à l’agrément d’un organisme religieux habilitant des sacrificate

 Rédigée par le Dr Sedikki secrétaire général du Conseil Représentatif des Musulmans de France, 

Le rôle de la mise en place de la casherout dans la fédération des institutions consistoriales du judaïsme français au début du XIXe siècle a été de première importance. C’est sans doute ce qu’avait en tête le ministre de l’Intérieur Charles Pasqua lorsqu’en 1994 il crut possible de donner aux signataires de la Charte du Culte Musulman des moyens financiers pour organiser un islam de France. Il incitait son homologue du ministère de l’Agriculture à rédiger un arrêté ministériel qui attribuait à la seule Grande Mosquée de Paris le pouvoir d’agréer des sacrificateurs et facilitait une rencontre le 14 juin 1995 entre Christian Bartholus représentant de la FNEAP et Dalil Boubaker (le nouveau recteur en 2020 est Chems-eddine Hafiz) à l’issue de laquelle était signée une « convention générale » de certification حَلٰل‎ halal . Mais la FNEAP se désengagea quelques semaine plus tard sous la pression de la base qui désavoua l’initiative de son représentant et envoya des lettres pétitions au ministre de tutelle contre l’application de cette convention jugée contraire au principe de la libre concurrence. L’affaire fut définitivement close lorsque quelques mois plus tard le successeur du ministre de l’Intérieur Jean-Louis Debré mit fin au monopole légal en élargissant le décret à la mosquée d’Evry et à celle de Lyon, et ainsi sans désavouer la politique de son prédécesseur annula ses fondements stratégiques.

Les circuits حَلٰل‎ halal loin d’être inorganisés et incontrôlés semblent en réalité trop bien intégrés à la filière viande ordinaire pour qu’une initiative imputable à des questions de sécurité intérieure puisse en changer le fonctionnement.

L’objet de cet article est, en partant des analyses de l’échec de cette convention, de montrer comment l’organisation des marchés de viande halal dans un contexte d’ouverture économique européenne et mondiale en fait un enjeu économique pour la filière viande française et non un enjeu de reconnaissance politique pour les organisations islamiques. Quant à la licéité de la viande nous verrons en prenant l’exemple du marché de viande حَلٰل‎ halal de Bordeaux qu’elle est garantie par un contrôle social efficace qui a réussi jusqu’ici à écarter toute velléité d’organisme religieux de s’en arroger le monopole.

 Arrêté du 27 juin 1996.

 Le magazine des Abattoirs, janvier 1995, entretien avec Philippe de Guénin.

Notre intention est claire : donner à l’islam modéré, à l’Islam républicain les moyens d’asseoir sa représentativité. L’islam, vous le savez, est aujourd’hui la deuxième religion en France. Elle est très inorganisée, sans représentativité bien assise comme c’est le cas pour le Consistoire israélite. Or le gouvernement souhaite disposer d’interlocuteurs pouvant parler au nom de la communauté, et nous savons que pour y parvenir nous devons appuyer les associations qui se sont intégrées aux valeurs et aux pratiques de la république […]. Pas question que des groupes de la mouvance intégriste installent leurs pompes à finances dans certains abattoirs.

 

 Coût d’assistance technique et théologique.

Ainsi s’exprimait Philippe de Guénin, conseiller technique du ministre de l’Agriculture interrogé par Le Magazine des Abattoirs de janvier 1995à propos de l’arrêté du 15 décembre 1994 d’agrément de la mosquée de Paris, alors que se préparait la rédaction d’une convention qui prévoyait qu’en échange de l’accès aux abattoirs aménagés pour permettre l’abattage rituel dans des conditions légales, et une CATT de 1 F HT par kilogramme de viande, les bêtes seraient abattues et leurs carcasses contrôlées par le personnel de la Mosquée de Paris.

La promulgation de ce décret et la rédaction de la convention s’inséraient dans une stratégie plus large du ministre de l’Intérieur visant à mettre en place un interlocuteur unique et à structurer et organiser les relations entre le culte musulman et l’Etat français.

7Dès le départ, l’affaire de la convention halal apparut aux professionnels de la viande comme un montage politique qui n’irait pas forcément dans le sens des intérêts économiques de leur filière. Avant même que la convention ne soit signée, les responsables de la filière viande, notamment des industries d’abattage affichent – à demi‑mots – leur scepticisme. En janvier 1995, alors que la convention FNEAP/Mosquée de Paris n’est qu’en phase de rédaction, J. Pujol de la FNEAP fait déjà part de ses réserves :

 Le magazine des Abattoirs, janvier 1995.

Ces deux organisations, qui ne connaissent pas cette nouvelle instance, ont d’ores et déjà contesté la décision prise par Charles Pasqua. Doit‑on établir un rapport entre cette reconnaissance officielle et un simple arrêté donnant (pour l’instant) le monopole du contrôle de l’abattage rituel hallal à la Grande Mosquée ? Le pas est vite franchi… pour être représentatif, il faut des moyens.

Quelques mois plus tard, après les élections présidentielles, et la mise en place d’une nouvelle équipe ministérielle, un article parait dans Le Magazine des Abattoirs de juillet 1995 qui donne l’occasion à Christian Bartholus, le signataire de la convention, de s’expliquer sur son initiative, largement désapprouvée par les professionnels de la filière notamment en raison de l’imposition de la taxe de 1 F HT par kilogramme jugée « exorbitante ».

Tout d’abord je tiens à préciser, explique Christian Bartholus, que nous n’avons rien négocié du tout. La volonté de la Mosquée de Paris de prélever une contribution de 1 F au kg de carcasse a du être acceptée comme un postulat […]. Le pari en la matière a donc été pris unilatéralement par la Mosquée, manifestement encouragée par le soutien politique qui lui est manifesté par les pouvoirs publics.

 L’arrêté prévoyait que les cartes délivrées par le préfet était valable jusqu’au 30 octobre.

L’insistance avec laquelle le responsable tente de justifier son geste doit être rapportée à la vague de protestation que cette décision provoqua chez les industriels de l’abattage. Ceux‑ci s’étaient jusque‑là arrangés d’un décret qui donnait ce pouvoir d’habilitation aux préfectures pour passer leurs propres conventions avec des négociants en viande حَلٰل‎ halal . Or, si l’arrêté d’une part et la convention d’autre part ne constituait pas une entorse au principe de la libre concurrence, la combinaison des deux, elle, en était bien une. La convention devait être ratifiée volontairement et individuellement par chaque exploitant d’abattoir et n’avait donc aucun caractère obligatoire. Mais la Mosquée de Paris annonça très vite son intention de ne plus délivrer d’habilitation à un sacrificateur opérant dans un abattoir qui ne signerait pas la convention. En conséquence, l’abattage rituel devenait illégal dans un établissement ne l’ayant pas signé. Les dirigeants de la FNEAP demandèrent alors à l’interprofessionnelle de la filière bovine INTERBEV d’intervenir auprès du ministère de l’Agriculture afin qu’il repousse la date d’application de l’arrêté.

 Pour avoir une idée de renchérissement qu’implique un tel traitement pour un kilogramme de viande.

Outre les problèmes de libre‑concurrence, la CATT exigée par l’institut musulman fut jugée par les professionnels « exorbitante ». Pourtant, en évaluant avec largesse, la répercussion de la CATT sur le prix du kilogramme facturé au consommateur final à trois fois son montant initial (c’est‑à‑dire 3 F HT) on n’arrive pas à la moitié de la somme moyenne prélevée par l’organisation de la cacherout parisienne. Le prix n’est donc pas élevé au regard du traitement que nécessite un produit rituel mais parce qu’il renchérit un produit commercial qui entre depuis des années dans les bénéfices des abatteurs de la filière viande ordinaire.

En théorie, la taxe religieuse est censée rémunérer celui qui effectue les opérations de transformation

En conclusion, l’échec de cette convention est d’ordre commercial et ne doit pas être envisagé comme le seul résultat de conflits entre grandes fédérations islamiques lesquelles ont observé à propos de ce contrat un mutisme sceptique.

Cette réglementation prévoit notamment des dérogations spéciales en cas d'abattage rituel concernan (...)

Les professionnels de la filière viande n’ont pas attendu une hypothétique organisation centralisée du culte musulman pour transformer des animaux en produits carnés consommables pour des musulmans. Le cadre législatif aussi bien que les dispositifs d’abattage nécessaires à l’abattage rituel israélite sont depuis longtemps utilisés pour les besoins du culte musulman. La production de viande حَلٰل‎ halal "licite" a toujours existé depuis que la demande commerciale existe, soit comme un produit spécifique soit comme un dérivé de la viande cacher : dans ce cas elle provenait de la viande égorgée par un sacrificateur israélite mais déclarée non cacher (les arrières des carcasses, ou les carcasses n’ayant pas passé avec succès la « bedika بيديكا  bedika», c’est‑à‑dire la « visite », l’examen de la carcasse).

 En considérant un nombre de 280 sacrificateurs habilités par les trois mosquées  du momment

La seule conséquence perceptible de ces arrêtés d’agrément à trois mosquées de France est que la carte de sacrificateur, auparavant gratuitement délivrée par le préfet, ne peut être obtenue que contre paiement par le sacrificateur (qui généralement est remboursé par l’abatteur ou le négociant qui l’emploie) d'une somme d’environ mille francs (négociable selon les institutions agréées) destinée à payer les « frais d'enregistrement de dossier ». Ces transactions ont lieu le plus souvent par courrier et par l’intermédiaire du secrétariat de l’abattoir sans contrôle d’aptitude particulier. L’Etat laïc a certes favorisé la création d’une petite source légale de revenus pour des institutions musulmanes, mais son montant total reste à la faible mesure du service rendu.

Le marché de la viande rituelle : un marché de dégagement

Pour témoigner de la vitalité des circuits de production et de commercialisation de viande halal en France, il suffit d'observer la croissance du nombre de détaillants faisant commerce de viande halal. A Bordeaux, par exemple, on est passé d’ une épicerie boucherie en 1975, à douze en 1996, puis à vingt quatre en 2000. La progression des points de distribution de viande destinée aux musulmans a été exponentielle.

Compte tenu des quantités vendues, le prélèvement d’une somme modique par kilogramme de viande pourrait assez rapidement améliorer la situation de l’Association des Musulmans de la Gironde, très active dans l’agglomération, qui souhaite depuis des années faire construire une grande mosquée.

 Les découpes n’étant pas les mêmes, la comparaison des prix s’avère complexe. 

C’est une caractéristique très particulière de ce secteur alimentaire que d’être assez imprévisible

 A l’exception notable de la visite d’un inspecteur sur demande des négociants de l’abattoir de Bordeaux

Mais si l’on établit un rapide relevé des prix de vente de la viande autour de la place Saint‑Michel où est concentrée la totalité des épiceries boucheries islamiques de la ville, on s’aperçoit vite que les marges bénéficiaires sont si faibles que tout prélèvement supplémentaire pourrait aboutir à la faillite de nombreux commerces.

 

On constate un turn-over important des bouchers : même si la tendance est à l’accroissement global du nombre de boucheries, beaucoup d'entre eux ferment boutique ou cèdent leur pas de porte. A Bordeaux, où les commerçants arabes et turcs sont regroupés dans un quartier de la ville et où le contrôle social est fort, l’endettement des bouchers est important et endémique. Dans ce marché fermé, tout endettement de X fait craindre à Z de ne pas être remboursé par Y le créditeur de X. La faiblesse des prix ne permet qu’une marge minime et tend à fragiliser les commerçants qui ne sont jamais à l’abri des fluctuations du marché à l’amont. Des pratiques concurrentielles sauvages se généralisent lorsque les acteurs du marché se sentent en insécurité. Aucun moyen externe de régulation n’intervient sur ce marché qui n’est visité, ni par les services sanitaires, ni par les services de surveillance de la concurrence.

 

Si l'on remonte en amont de la boucherie, au niveau de l'abattoir, le surcoût d'abattage est absorbé soit pas l’abatteur lui‑même comme c’est le cas dans la plupart des abattoirs publics soit par le grossiste ou chevillard. Ce surcoût provient de l’investissement dans un matériel de contention de l’animal (appelé « piège ») obligatoire pour la saignée rituelle, du salaire du sacrificateur, des fluides de nettoyage, et du temps perdu par le ralentissement de la chaîne d’abattage. Il n’est pas répercuté au stade ultérieur car il est absorbé immédiatement. L’achat du box de contention bovin est pris en charge par la municipalité qui gère l’abattoir. Le salaire du sacrificateur, payé au SMIC à temps partiel et en nature (têtes, pieds, panses, etc.) est négligeable au regard du rendement de la chaîne d’abattage. Enfin, le temps perdu est souvent compensé par le retrait d’une ou deux personnes sur la chaîne d’abattage qui tourne moins vite.

Dans le cas de l’abattoir public. La plupart des abattoirs équipés de ce dispositif sont des abattoirs

A l’évidence le prix de la viande حَلٰل‎ halal "licite"ne permet aucun prélèvement supplémentaire. La faiblesse des prix pose un autre problème. Elle indique que les bouchers ne parviennent pas à réguler le marché pour renchérir les prix et rendre possible cette contribution religieuse. Ainsi, l’assurance du caractère حَلٰل halal des produits par les mosquées les déchargerait au moins de l’effort d’en faire toujours la preuve.

La faiblesse des prix s’explique par des marges bénéficiaires minimes, compensées par les quantités vendues, mais aussi nous allons le voir par une économie au niveau de l’achat en vif. Les circuits d’approvisionnement حَلٰل‎ halal "licite"sont alimentés par des bêtes dont les caractéristiques physiques les excluent des circuits de commercialisation standard.

Deux groupes d’animaux sont introduits dans les circuits destinés à produire de la viande « حَلٰل halal » : les bêtes de réformes en particulier pour les ovins, et les animaux non conformes issus des circuits industriels pour les bovins.

 Le terme «حَلٰل halal » est peu employé et lorsqu’il l’est, il est parfois confondu avec «  ٱللَّٰهِ ALLAH », 

Entretien avec un responsable commercial du Groupement d’Eleveurs Girondin, janvier 2000.

En Gironde, sont réservées systématiquement au marché « ٱللَّهِ Allah » les brebis de réformes appellées aussi « brebis couscous ». Ces bêtes sont dites de réforme lorsqu’elles ne peuvent plus accomplir les tâches pour lesquelles elles ont été produites prioritairement, soit qu’elles soient trop vieilles ou épuisées pour mettre bas ou produire du lait, soit que des anomalies, une malnutrition ou des affections parasitaires les empêchent d’allaiter ou de fournir du lait à leurs propriétaires. L’appellation de brebis couscous provient des destinataires à qui elles sont réservées mais aussi de ce qu’elles sont réputées faire une viande dure que seule une cuisson lente en bouillon parvient à attendrir. Ces moutons possèdent une valeur marchande réduite voire nulle dans la filière ordinaire. Pour ne pas trop les dévaloriser, les gens du métiers diront de ces bêtes mal conformées « qui n’ont pas les gigots comme des poupons » qu’elles font de la viande « maigre », la maigreur de la viande étant devenue dans l'imaginaire du consommateur un avantage. Dans le Sud‑Ouest, où il est de réputation qu’il y a moins de « lipophobes » que dans le Nord, les bêtes « maigres » (c’est‑à‑dire ici légères) sont réservées aux arabes car selon un discours largement répandu à tous les niveaux de la filière, « les arabes n’aiment pas le gras » et qu’ils sont « même » amateurs de viande « limite cachexique, c’est‑à‑dire une carcasse, on voit à travers tellement qu’elle est maigre ! », « çà leur rappelle leurs moutons ».

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 Cf. Filières Viande et Pêche, mars 1992.

En raison d’une préférence marquée pour la viande claire, le marché du jeune bovin, (broutards et taurillons) se constitue comme une filière de plus en plus spécialisée pour un débouché intérieur sur le marché halal. Les Français étant peu consommateurs de viandes de jeunes bovins (« nous on mange pas çà, c’est ni veau ni bœuf ! »), ces animaux élevés en batterie sont principalement réservés à l’exportation. La logique industrielle qui est en œuvre ici (dont la dynamique s’est renforcée depuis la crise de la vache folle) fondée sur une rationalisation du marché par des entreprises de grande taille non spécialisées, entre lesquelles s’effectuent des échanges selon des accords conclus à l’avance a comme la logique marchande ses normes à satisfaire et ses critères d’exclusion. Dans la logique industrielle, on ne développe pas de discours sur « la maigreur des bêtes » et « la préférence des arabes ». Pour gérer les surplus on serait plutôt tenté de créer un nouveau segment de marché. Car aujourd’hui les circuits halal absorbent les invendables mais aussi parfois les invendus à l’exportation. Et en période de surproduction des bêtes de qualité supérieure sont bradées sur ce marché intérieur. Aussi les responsables de l’interprofessionnelle de la filière appellent‑ils de leur vœu la création d’un label « halal » qui permettrait de valoriser ces bêtes dans le cadre de conventions industrielles. Sont en jeu, outre un gain sur le marché intérieur, un regain de confiance des pays musulmans importateurs de viandes halal qui depuis la crise dite de « la vache folle » ont réduit voire pour certains stoppé leurs importations. En 1992, les pays d'Afrique du Nord et du Moyen‑Orient représentaient le premier marché d'exportation hors CEE et malgré la guerre du Golfe, entre janvier et septembre 1991, la France avait exporté vers l'Afrique du Nord environ 110 000 tonnes de carcasses fraîches de bovins et 19 000 tonnes de viande congelée.

 La France est devenue le 3e pays producteur de jeunes bovins (JB). " développement de la production".

 Cf. Magazine La Médina a dans lequel plusieurs articles dénoncent la mauvaise qualité de la viande.

Les circuits de viande halal حلال sont donc approvisionnés par dégagement des circuits commerciaux ordinaires et ne constituent pas une filière spécifique. La « qualité » des animaux qui y transitent dépend des débouchés de la filière viande en général. Les périodes de surproduction en jeune bovin permettent de trouver dans le circuit halal des bêtes de qualité supérieure à bas prix. Un marché « de dégagement » ne produit donc pas systématiquement une viande de qualité médiocre comme on le croit souvent. Le rapport qualité prix peut même y être très avantageux mais il est fluctuant, imprévisible, et nécessite donc que l’aval de la filière soit d’une très grande souplesse.

L’imprévisibilité est une caractéristique du marché de dégagement. Le rapport de force est en faveur de celui qui parvient le mieux à gérer l’incertitude qu’elle engendre. Pour les bouchers détaillants qui dépendent du bon vouloir des négociants, la seule façon de se protéger est de diversifier leurs sources d’approvisionnement. Plus la concurrence entre points de vente au détail est forte, plus l’incertitude est grande, et plus le marché est fluctuant et la tendance à la déflation.

Les circuits de viande halal sont fortement intégrés à la filière viande ordinaire caractérisée par sa grand hétérogénéité selon les régions et que tenter de réglementer un hypothétique « marché de la viande حَلٰل‎ halal en France » peut affecter tous les maillons de la filière viande pour qui ces marchés représentent des débouchés effectifs. Cette situation est impropre à financer un organisme religieux, qu’il soit associatif ou qu’il prenne l’allure d’un boucher, d’un négociant ou d’un éleveur. Pour des raisons économiques nous l’avons dit, mais aussi nous allons le voir parce que le contrôle de la viande halal échappe en partie à la sphère religieuse.

Le doute sur la licéité de la viande

 La « viande de Slimani (un des plus importants bouchers islamiques de Marseille) n'est pas chère ca (...)

Les prix à l'achat n’indiquent pas que la viande ait subi un traitement spécial pour être halal. Cette situation contribue à alimenter un doute permanent sur la licéité de la viande vendue. Car, aux yeux des acheteurs, un prix élevé est souvent synonyme de « qualité », c'est là une preuve qu'un travail supplémentaire a été effectué sur le produit (là encore le modèle de la viande casher, dont le prix est sensiblement plus élevé qu’en boucherie traditionnelle, fait figure de référence).

Depuis quelques années, les bouchers arabes de Bordeaux tentent de rassurer leur clientèle par de la publicité faite à leur étal : les panonceaux marqués «حَلٰل halal» en français ou en arabe ont fleuri sur leurs devantures. Il s'agit pour chacun de se protéger d'une éventuelle accusation de fausse viande halal, mais cela ne traduit en aucun cas une désaffection de la clientèle pour cette viande. Car ce doute tenace ne fait pas fuir les clients, de plus en plus nombreux y compris parmi les jeunes générations. Ceux qui formulent leurs soupçons sont principalement les acheteurs effectifs, et ce n’est pas chez les acheteurs qui se servent en grande surface que l’on trouve le plus de ceux qui contestent la conformité rituelle de la viande vendue sur la place Saint‑Michel.

La viande halal, c’est la viande sacrifiée, explique‑t‑on invariablement […], c’est la viande pour les musulmans ».

Erreur ! s’insurgea un jour Hamid Ben Badda, sacrificateur, et boucher musulman dans la banlieue bordelaise : halal  حلال signifie licite, mais pas « abattu selon le rite islamique » ce n’est pas pareil.

La remarque de mon interlocuteur n'était pas que de pure forme. La licéité n'implique pas nécessairement un traitement islamique. Il convient de s'arrêter sur cette nuance dont la portée est plus importante qu'il n'y paraît.

 « La tasmiya  تسمية est recommandable (  مستحبّ mustahabba) au moment de l’abattage […]. Si elle est omise involontairement (...)

Les avis des spécialistes sur la licéité de la viande divergent depuis plusieurs siècles ; la présence des musulmans hors du دار الإسلام dar el islam les fait aujourd'hui resurgir du passé. En principe, le musulman qui procède à l’égorgement rituel doit préalablement invoquer le nom de Dieu ainsi qu’orienter le cou de l’animal vers la qibla  قبلة « direction ». S’il oublie de le faire, la victime est reconnue comme licite à condition que cette omission ne soit pas volontaire. C’est la raison pour laquelle l’égorgement rituel ne peut être assimilé à un « sacrifice », et le musulman qui y procède à un « sacrificateur ». Ce principe de non sacralisation de l’abattage trouve sa source dans  القُرْآن al Qu'ran La PAROLE Révélée Récitée : le verset coranique sept de la sourate 5  المائدة al-Māʾida le dernier repas (dîner) sur la la Table verset 5 rappelle en effet aux musulmans que « la nourriture de ceux auxquels le Livre a été donné vous est permise (ou licite), et votre nourriture leur est permise ». La nourriture des chrétiens et des juifs, y compris la viande, serait donc totalement halal ?

لْيَوْمَ أُحِلَّ لَكُمُ الطَّيِّبَاتُ وَطَعَامُ الَّذِينَ أُوتُواْ الْكِتَابَ حِلٌّ لَّكُمْ وَطَعَامُكُمْ حِلُّ لَّهُمْ وَالْمُحْصَنَاتُ مِنَ الْمُؤْمِنَاتِ وَالْمُحْصَنَاتُ مِنَ الَّذِينَ أُوتُواْ الْكِتَابَ مِن قَبْلِكُمْ إِذَا آتَيْتُمُوهُنَّ أُجُورَهُنَّ مُحْصِنِينَ غَيْرَ مُسَافِحِينَ وَلاَ مُتَّخِذِي أَخْدَانٍ وَمَن يَكْفُرْ بِالإِيمَانِ فَقَدْ حَبِطَ عَمَلُهُ وَهُوَ فِي الآخِرَةِ مِنَ الْخَاسِرِينَ

Toute nourriture bonne et pure vous est désormais permise. La nourriture de ceux qui ont reçu les Écritures est aussi licite pour vous, de même que la vôtre l'est pour eux. Pour ce qui est du mariage, il vous est permis de vous marier aussi bien avec d'honnêtes musulmanes qu'avec d'honnêtes femmes appartenant à ceux qui ont reçu les Écritures avant vous, à condition de leur verser leur dot, de vivre avec elles, en union régulière, loin de toute luxure et de tout concubinage . Celui qui trahit sa foi perd le fruit de ses bonnes œuvres et sera du nombre des perdants dans la vie future.»

Ibn‘Abbas (Abd Allâh ibn Abbas عبد الله ابن عباس), né vers 619 et mort vers 687-688), contemporain du Prophète, tenu pour être le père de l’exégèse coranique, s’en tient à ce seul principe : « L’oubli du (nom de Dieu بِسْمِ ٱللَّهِ Bismi Allahi) dans la communauté ne cause pas de dommage, de même que son invocation hors de la communauté n’est pas utile ». D’autres objectent, par exemple, que si un chrétien est bien monothéiste, il n’est pas certain qu’il n’évoquera pas la trinité au moment de l’égorgement. Comment s’assurer que celui‑ci ne tuera pas au nom d’autre que du Dieu unique ?

Le débat, après s’être déplacé sur l’identité confessionnelle de l’égorgeur, se reporte à présent sur les règles de commensalité et sur la confiance que peut accorder le musulman à la parole d’autrui. Sur ce point Ibn al‑‘Arabi (Abū ʿAbd Allāh Muḥammad ibn ʿAlī ibn Muḥammad ibn ʿArabī al-Ḥātimī aṭ-Ṭāʾī  أبو عبد الله محمد بن علي بن محمد بن عربي الحاتمي الطائي, mieux connu sous le nom d'Ibn ʿArabi, né le 26 juillet 1165, à Murcie Espagne Andalouse, et mort le 16 novembre 1240, à Damas Syrie, également appelé « ach-Cheikh al-Akbar الشيخ الأكبر le plus grand maître » )enjoint au musulman de ne pas être soupçonneux :

 

Même si la tasmiyaest dans notre doctrine une condition (de validité du dakhât), toute nourriture offerte par un musulman à un autre musulman doit être consommée, même s’il ignore si Dieu le Très‑Haut a été invoqué ou non sur elle. Dans ce cas la présomption que le musulman a prononcé la tasmiya l’emporte sur le principe de l’interdiction.

 Propos d’un autre juriste malékite Ibn Abd al-Barr cité par Hocine Benkheira (ibid : 78).

Et ceci parce que « l’on ne peut envisager au sujet du musulman que le bien ». La confiance entre musulmans est un autre principe fondamental qui s’appuie sur la nécessité de combattre la fitna  فتنة dérive de la racine F.T.N., فتن qui évoque la mise à l'épreuve (du feu), l'envoûtement, la séduction et les errements qui en résultent. (le chaos- la désunion rivalité), le désordre, ce qui déchire la communauté.

Mais pour les musulmans vivant en dehors d’un pays de tradition islamique, le problème demeure : ces avis formulés par ceux des plus éminents juristes religieux ne précisent pas si, dans une situation où l’islam est minoritaire, la parole d’un non musulman doit être traitée avec la même indulgence. D'autant que le non musulman, même en pays chrétien, peut se prétendre athée ou se revendiquer d'une religion non scripturaire.

 Hoceine Benkheira, anthropologue algérien, s’appuie sur l’étude de nombreux textes exégétiques 

 El-Bokhâri, dont les hadiths sont unanimement considérés comme sûrs, rapportés que, d’après Aïcha, 

 Cheikh Qaradahoui, « Le licite et l’illicite ».

Cf. Florence Bergeaud (2000). Tareq Oubrou est imam de la Mosquée de Bordeaux, Président de l’Assoc (...)

Ce flou juridique peut‑il permettre de considérer que la licéité de la viande est une fiction comme le propose Hoceine Benkheira ? Sans doute, si l’on s’en tient à l’intérieur des frontières de la communauté. Mais cette conclusion n’épuise pas les questions relatives aux règles de commensalité avec les non musulmans ce pour quoi précisément la  تسمية tasmiya dire: "Bismillah" بِسْمِ ٱللَّهِ Au nom de DIEU]"semble avoir été introduite. Certains oulémas contemporains dépassent la traditionnelle distinction entre in et out, entre musulmans et non musulmans, et en viennent à élaborer des catégories de gens que l'on trouve hors du  دار الإسلام.dar el islam Ainsi, aux confins de la sphère communautaire, on trouve une multitude de groupes : des gens du Livre (juifs et chrétiens), mais aussi des athées, des communistes, des bouddhistes, etc. Cette fragmentation de ce qui se situe hors de la communauté, et qui est de ce fait de moins en moins formellement identifiable, est déstabilisante, et conduit à se protéger d’autant plus. C’est sans doute pourquoi ce qui est considéré comme une regrettable « cachérisation » du rituel islamique par l’imam de la Mosquée de Bordeaux Tareq Oubrou, est plutôt revendiquée par la population qui demande plus d’assurance, de protection et donc plus de contrôle. C’est aussi pourquoi la viande حَلٰل halal  est perçue comme un aliment communautaire, d’où cette expression récurrente « c’est la viande des musulmans ».

La responsabilité individuelle

حَلٰل Halal n’aurait donc pas le sens restrictif que les musulmans lui prêtent spontanément dans leur discours. Les pratiques plus que les discours en témoignent puisque le doute n’exclut pas l’achat.

 Cf. notamment Thèse Noureddine Harrami (1997).

Cela nous renvoie à la notion de responsabilité très souvent évoquée dans les discours des plus jeunes. On constate une sorte d’inflation de la responsabilité individuelle laquelle n’entraîne pas forcément un sentiment de culpabilité. Ce principe est assez clairement exposé par le théologien d'Al Azhar Mohamed  AbdallahDraz  voir son livre "La morale du Koran":

Assurément, Dieu ne me répond pas toujours explicitement dans les cas douteux ; il ne nous suggère même pas, à nous tous, la même solution affirmative ou négative. Il y aura donc toujours des chances pour moi de commettre une erreur d'interprétation ou de définition. Cette éventualité est une conséquence de ma condition humaine et de la liberté qui m'est accordée dans cette même condition. L'essentiel pour moi, croyant, est de m'efforcer, dans le doute, de discerner et de suivre loyalement ce qui pourrait être l'avis de Dieu, d'après l'ensemble de ses consignes. Ma solution serait‑elle erronée, je n'en serais pas coupable, du moment que j'ai fait l'effort nécessaire qui dépend de moi, pour m'éclairer (Draz, 1951 : 93).

Comment connaître les limites de cet effort ? Celui qui s'abstient sauve son honneur :

Le licite pur et l'illicite pur sont rendus évidents. Mais, entre eux, il est des cas équivoques. Celui qui s'abstient dans le doute a sauvé sa foi et son honneur (ibid. : 93).

 « En raison du caractère logocratique de l'islam orientant la multiplicité des comportements.

Mais celui qui poursuit sa quête de connaissance doit éviter le danger auquel conduit tout effort de clarification : l'inflation du doute. Le Prophète Muhammad sur lui le salut et la paix de DIEU donne une réponse encore une fois individuelle, basée sur l'introspection et non sur le contrôle des actes d'autrui :

Evite ce qui te jetterait dans le doute ; opte pour ce qui ne te trouble pas ; la vérité est tranquillité ; la fausseté, c'est le soupçon. Interroge ton cœur, consulte ta conscience. Le Bien c'est ce en quoi l'âme éprouve la paix, et le cœur, du repos ; le mal, c'est ce qui inquiète l'âme et palpite dans le cœur ; quoi que t'en disent les hommes, quoi qu'ils te proposent (ibid. : 94).

De façon générale, l'islam renvoie à la responsabilité de l'individu, la règle ne doit être respectée qu'avec l'intention (niyyat) de celui qui s'y soumet, non par simple imitation, ou par réaction à des actions extérieures. Car il existe deux sources d'information sur la loi et « nul ne répondra de ses actions sans avoir été préalablement informé de son statut » (ibid. : 127). Cette information est donnée de manière « extérieure » et de manière « intérieure ». Intérieurement, « les lois sont inscrites en nous ; et, pour les déchiffrer, nous n'avons qu'à user de nos facultés naturelles : consulter notre raison, sonder notre cœur, ou suivre nos bons instincts ». Extérieurement, car Dieu « se fait à lui‑même une obligation d'instruire les hommes avant d'engager leur responsabilité », d'où l'envoi de messagers pour instruire le peuple « pour intensifier nos lumières naturelles par des lumières révélées » (ibid. : 129).

Cette attitude de la conscience prônée par Draz ne nous dit rien directement du comportement des clients des boucheries islamiques de Bordeaux – il ne s'agit pas de confondre ici la règle et les pratiques –, mais ces propos nous éclairent car il résout au moins en partie le problème de savoir pourquoi le doute permanent sur la viande halal ne bloque pas le processus de croissance de son commerce. L'islam, qui n'a pas de clergé – intermédiaire consacré entre Dieu et ses fidèles –, donne la responsabilité en dernier ressort au simple croyant. Cette structure évite un blocage au niveau des intermédiaires qui porteraient alors le poids de toute la responsabilité. Ici le client musulman « peut », et selon certains « doit », ignorer les intentions de l'autre dont Dieu serait le seul juge. Il ne peut lui faire préciser ses intentions. Il en est de même du boucher qui ne peut mettre en doute la parole du sacrificateur lequel est soumis à des contraintes d'abattage qui ne lui permettent pas toujours d'opérer selon les normes religieuses. Du coup, en pratique, le contrôle ne se focalise plus sur l'acte lui‑même mais finit par se déplacer sur les intentions et donc sur la personnalité du boucher, et pourrait‑on dire sur la personne du boucher, sa famille, ses relations professionnelles. Il faut bien comprendre ici que celui qui est en fin de chaîne de distribution est le moins responsable. Il ne l'est que vis‑à‑vis de lui‑même. Mais dès lors qu'il transmet quelque chose, alors il peut être rendu responsable. Cette notion de responsabilité devant autrui nous en amène une autre, celle de l'honneur.

La chaîne de responsabilités

En définitive, l'accusation faite à un boucher (et non à une boucherie) de ne pas vendre de la viande halal est souvent la traduction explicite d'une injure faite à son intégrité, son honnêteté morale. Le lieu lui‑même est rarement affecté. Il suffit que le boucher soit remplacé et la zone s'assainit. Si on demande à quelqu'un où il n'irait pas acheter de la viande : la réponse est très souvent : dans une boucherie où l'on vend de l'alcool, la présence de celui‑ci étant synonyme de défaillance ou de faillite morale.

Il pourrait exister une raison de ne pas acheter chez tel boucher, mais ce cas n'est jamais évoqué : un boucher islamique qui vendrait de la viande de porc. Vendre de la viande de porc ne serait pas une faute mais une chose stupide et aberrante. Une telle accusation ne saurait atteindre la moralité du boucher visé.

En revanche un boucher dont il deviendrait connu qu'il « trompe » sa femme ou dont la fille n’aurait pas bonne réputation pourrait être l'objet d'une telle attaque. La vitesse avec laquelle peut agir une telle rumeur, fondée ou non, est fonction de la concentration et de la fréquentation des commerces : à Bordeaux elle est maximum (vingt‑quatre linéaires boucherie autour de la grande place du marché qu’une de mes interlocutrices appelait en arabe « la salle de réunion »). Elle n'attend pas la preuve parce qu'une boucherie atteinte déteint sur ses clients. La viande est un aliment qui généralement se partage. Que l'on croie à cette accusation ou que l'on n'y croie pas, il n'est pas commode de proposer de partager son repas s'il existe un doute sur la provenance de la viande que l'on sert. Si je suis cliente, l'éventuelle responsabilité retombe sur mon boucher, mais si je partage mon repas, alors la faute m'incombe de ne pas avoir pris toutes les précautions vis-à-vis de mes invités (remarquons au passage que je ne me sens pas responsable de ce que je fais manger aux membres de mon foyer si j'en mange moi‑même). De même, le principe d'interdiction du soupçon s'applique à moi vis‑à‑vis de mon boucher, car si je n'ai pas le « droit » (religieux) de mettre son honneur en doute, je courrais probablement trop de risque à le faire pour moi et ma famille, car je n'ai pas a priori à savoir des choses que je ne dois pas savoir, à moins d'en être affectée personnellement. Deux cas sont possibles : soit les rumeurs sont trop fortes et il faut se résoudre à se ranger dans le rang des accusateurs (la rumeur se met à courir), soit elles sont faibles et il est préférable d'étouffer l'affaire afin de ne pas y être mêlé (rien ne se passe). Les accusations de défaillance morale qui aboutissent à la faillite effective d'un commerce sont rares : non pas seulement que les bouchers mènent une vie exemplaire ou discrète, mais parce que les interrelations sont trop fortes pour que les conséquences d'une telle accusation soient circonscrites à celui seul qui est visé.

C'est ici que nous revenons à notre question initiale concernant les raisons de la faiblesse des prix. Tout phénomène de distinction peut attirer la jalousie. Une stratégie commerçante consistant à augmenter les prix (si le commerçant décide de se distinguer par une requalification de sa marchandise) pourrait être interprétée comme une volonté de profiter de l'argent de ses compatriotes coreligionnaires. Une seule boucherie du quartier parvient à vendre jusqu’à 30% plus cher que les autres car sa viande est réputée de très bonne qualité, qu’il vend à des européens et qu’il ne vend pas de produits d’épicerie.

Si on pousse cette logique, la stagnation voire la baisse des prix aurait dû rendre ce marché morose et l'amener peu à peu à l'asphyxie. Bien au contraire, les rayons de ces épiceries‑boucheries sont de plus en plus colorés, leurs produits venant de partout, Maghreb (Maroc surtout) et Moyen-Orient (Turquie en particulier), en quantités variables.

 Cf. notre article (Bergeaud-Blackler, 2001).

Il existe d'autres moyens de fidéliser une clientèle que de jouer sur les prix : jouer sur les quantités. Il y a les stratégies extérieures et intérieures. La stratégie des prix est le type‑même de la stratégie extérieure, agressive et exubérante qui n'est pas du goût des clientes. Elle donne l'impression d'une volonté de profit visible et l'amélioration qualitative qu'elle peut éventuellement accompagner peut passer inaperçue. Le lien entre structure des prix et qualité n’est pas fait. Car les critères qualités de la filière viande ne correspondent pas aux repères qualitatifs des acheteurs.

 Titre respectueux que l’on donne à une femme, mère, généralement âgée et/ou qui a effectué le pèler (...)

Une baisse des prix à discrétion n'est pas toujours appréciée, car baisser un prix individuellement reviendrait à sous‑entendre que son client est dans le besoin, à moins que le boucher fasse comme s'il prenait sur lui la responsabilité de cette ristourne, comme dans le cas de l'arrondissement au franc ou à la dizaine de centimes inférieure pour éviter la petite monnaie. Le mieux est quand même de donner plus, plutôt que de faire payer moins. Mettre quelques brins d'absinthe dans un paquet de menthe pour une jeune cliente, ou rajouter un pied de veau dans le sac de morceaux de viande que l'on dépose dans le panier d’une حَاجَّ hajja (femme qui a fait le pèlerinage à la Mecque ou terme utilisée pour une femme âgée), voilà qui est plus appréciable. La stratégie par les quantités est plus conforme à ce que l'on attend d'un commerçant élégant, courtois, à la moralité droite.

Cette préférence pour l'intérieur, ce qui ne se fait pas remarquer, se note aussi aux devantures des épiceries‑boucheries d'extérieur assez peu travaillé sauf en période de Ramadan. Ne pas se faire remarquer n'implique pas une discrétion excessive, ni une morosité extrême, au contraire, l'intérieur donne toujours une impression de profusion et de richesse. L'objectif est tout de même de vendre, mais de vendre en quantité afin que la cliente ne parte pas en quête d'autre chose ailleurs, qu'elle soit satisfaite, mieux qu'elle reparte « comblée ». Les bouchers sont souvent d'anciens épiciers qui ont ouvert un linéaire boucherie afin que leurs clients ne soient pas tentés d'acheter chez le voisin. Enfin, un produit ne saurait être remis sans un sourire, une remarque et si la cliente est une habituée et qu'il n'y pas trop de monde à l'entour, quelques nouvelles de la famille, de ceux qui sont rentrés pour les vacances, un mariage, un décès, ou pour des affaires. Dans les boucheries, les quantités compensent la faiblesse des prix, les clients ressortent souvent en ayant acheté plus que prévu.

Les relations entre les bouchers حَلٰل‎ halal et leurs clients : une question d’honneur ?

Essayons de structurer ce qui vient d'être décrit en supposant par exemple que le client, un musulman bordelais qui fréquente le marché de Saint‑Michel régulièrement, est le dernier maillon de la chaîne.

Placé à l’extrémité de la chaîne de responsabilité, le client a‑t‑il un pouvoir sur son boucher ? Puisque la viande halal n’est pas formellement définie par les religieux, qu’elle n’est pas issue d’une filière spécifique, qui décide en dernier ressort que la viande est halal ou non ? Etant donné que la qualité halal est quelque chose à laquelle les musulmans sont attachés au point qu’une accusation de fausse viande halal puisse ruiner un commerce, cette question revient à se demander qui du boucher ou du client a le pouvoir de contrôler les actions de l’autre. Accordons au mot pouvoir celui qu’Erhard Friedberg lui donne : « la capacité qu'a une personne A d'obtenir d'une personne B de faire ce qu'elle lui demande » (1988 : 35). Le client a‑t‑il un pouvoir sur le boucher, autrement dit sa capacité d'obtenir que le commerçant lui vende de la viande halal حلال est‑elle plus forte que celle de ce dernier de ne pas lui en proposer ?

Le pouvoir du client est limité car il se heurte aux capacités que possède le boucher de le rendre responsable à son tour. L'acheteur ne dispose finalement que de l'accusation de défaillance qui risque de rejaillir sur lui au travers de l'objet (viande) entaché de l'absence de bonne moralité du boucher. Toutefois, on peut considérer qu’il contrôle une zone d'incertitude importante qui conditionne la gestion des commandes et des stocks du boucher, en décidant par exemple de diminuer ses achats, venir moins fréquemment ou tout simplement ne plus fréquenter la boutique. Le client pour sa part est soumis à une autre incertitude, celle de ne pas être sûr, étant donné l'exigence dont il se targue, de la réputation du boucher vers qui il pourrait se tourner s’il change. Son propre soupçon le rend d'autant plus hésitant et d'autant plus prisonnier de son choix. Le coût psychologique du soupçon est élevé pour le client et vaut peut‑être pour lui d'être plus indulgent vis‑à‑vis de son boucher…

D'après Friedberg pour qu'il y ait effectivement relation de contrôle, il faut un principe organisateur qui structure le champ dans lequel se déroulent les relations de pouvoir (ibid. : 37). « C'est l'organisation qui définit la pertinence des zones d'incertitude qu'on contrôle et donc le pouvoir dont on dispose ». Dans notre schéma ce principe pourrait être assimilé au « sens de l'honneur ». Il ne s’agit pas de ressource en honneur mais de capacité à manifester son « sens » de l'honneur. L'honneur ne serait pas ici un attribut, quelque chose qui puisse être accumulé, il ne vaudrait que dans l'échange, il serait moins question d'en posséder que d'agir pour ne pas en perdre.

Trouver en dernière instance celui qui peut dire si la viande حَلٰل‎ halal vendue l’est ou non reviendrait à identifier celui qui peut énoncer formellement les principes de l’honneur, ce qui bien sûr est impossible. En revanche on peut tenter de circonscrire le ou les groupes détenteurs de la plus grande capacité à arbitrer dans le jeu de l’honneur. « Plus la zone d'incertitude contrôlée par un individu ou un groupe sera cruciale pour la permanence de l'organisation ou d'un sous-ensemble de celle‑ci, plus celui‑ci disposera de pouvoir ». La Mosquée semble pouvoir prendre cette place parce que c'est elle qui définit la zone d'incertitude la plus importante et la plus cruciale : d’une part elle se réfère aux textes religieux tout en ne disant rien d'uniforme sur ce qu'est une viande حَلٰل‎ halal, d’autre part elle peut dire qui est moralement faible. Si notre hypothèse est juste, un imam qui aurait une position tranchée sur la question de la licéité de la viande, non seulement ne serait pas forcément suivi dans ses critères exclusivement techniques de définition par les fidèles, mais perdrait sa légitimité à arbitrer les questions d'honneur. Un imam qui ne prêterait attention qu'à des opérations techniques, sans montrer qu’il se soucie de l'état moral du musulman qui effectue le geste, ne serait pas lui-même un homme religieux puisqu'il démontrerait qu'à ses yeux les qualités techniques passent avant l’homme. Quand on demande à l'imam de Bordeaux ce qui dicte sa conduite en matière de viande, il se situe aussitôt en tant que fidèle et répond : « si je connais le boucher, s'il ne boit pas, ne trompe pas sa femme… ».

Pourquoi, si la viande halal n’est pas un produit sacré, est-il si crucial pour le boucher de sauvegarder sa réputation ? La possession de viande halal dans une boucherie‑épicerie islamique n’implique pas de traitement particulier, comme c’est le cas dans les boucheries israélites où le boucher doit encore cachériser les aliments par salage. Son seul rôle est de veiller à ce que ces produits carnés halal ne soient pas en contact avec des produits non حَلٰل‎ halal, viande ou alcool, ce qui revient seulement à organiser ses étals. Pour répondre à cette question, il faut considérer le cadre de la relation commerciale. L’épicerie‑boucherie musulmane est le seul lieu public où les femmes peuvent légitimement échanger avec des hommes musulmans qui ne comptent pas parmi les membres de la famille. Il faut aussi considérer ce qui est en jeu dans la relation. Les clientes arrivent seules ou par « cliques » de trois ou quatre, accompagnées de leurs sœurs, belles‑sœurs ou voisines. Ce qu’elles achètent, avec qui, comment, renseigne sur leur intérieur, leurs qualités de maîtresse de maison ou de cuisinière, l’attention qu’elles accordent à l’alimentation de leurs proches. Une femme qui tient correctement sa maison doit se montrer attentive et exigeante. Aussi hésitera‑t‑elle longtemps pour se décider entre deux morceaux que le boucher lui présente et qui, sommé de la satisfaire, doit s’ingénier à trouver ce qui lui fera plaisir, sans faute de goût. Ce jeu de la séduction peut déboucher sur des allusions que la chair de la viande peut parfois suggérer, ce qui, entre amies, peut déclencher l’hilarité, laquelle est appréciée mais surtout redoutée des hommes.

Enfin si le principe structurant est bien le sens de l'honneur, alors il doit exister quelque part un espace représenté comme « sauvage », incivil, où le jeu de l'honneur ne s'applique pas et qui entoure et circonscrit le champ où s'appliquent les règles de l'honneur.

 Les commerçants arabes juifs tiendraient‑ils ce rôle ? Ils sont exclus du jeu de l'honneur. Pour autant les relations commerciales avec eux sont possibles alors qu'elles semblent plus difficiles avec les professionnels non arabophones de la filière. Les juifs sont des frères avec qui l'on peut échanger des paroles avec les mêmes mots (« s'il me parle arabe, je fonds ! »), avec qui les relations commerciales sont souhaitables, mais qui sont exclus des relations d'honneur. « Un commerçant juif peut mentir » m'a‑t‑on expliqué, il n'est pas tenu de dévoiler son jeu. Et cela parce qu'en échange, il n'est pas lié par la nécessité de préserver son honneur et celui de son partenaire en affaire, il n'est pas prisonnier des stratégies d'évitement et de contournement qui, au final, freinent la dynamique du marché. Un juif marocain « investit », il « paie », et avec lui on est sûr de ne pas être trompé, si bien sûr l'affaire est rentable, puisque c'est le seul critère qu’il est censé considérer. Le commerçant juif est représenté comme un modèle impossible à imiter, mais un modèle idéal. Le système de la cacherout est critiqué dans son principe, mais est fortement idéalisé car l’expérience montre, comme l'a rappelé Sophie Nizard Benchimol, que les difficultés rencontrées par les juifs pour organiser la cacherout ont été importantes, et demeurent encore aujourd'hui l’objet de tensions intra‑communautaires.

 

Il n’existe pas de « filière » حَلٰل‎ halal en France. Les logiques industrielles et marchandes qui se combattent au sein de la filière viande en France depuis le début des années quatre‑vingt‑dix et la libre circulation des produits dans les pays de l’Union européenne ont abouti à une forte intégration des circuits حَلٰل‎ halal dans le marché ordinaire de la viande. Ces circuits ont comme particularité de véhiculer une viande de qualités variables, qui ne présente pas de danger sur le plan sanitaire puisqu’elle est contrôlée après abattage par les services vétérinaires. Si « désorganisation du marché حَلٰل‎ halal » il y a, comme le prétendent les experts de la mission Agro‑Développement (1995, op. cit.), elle provient peut‑être moins de l’échec de la convention domestique et de l’inadéquation de la convention marchande qu’au contraire de sa forte intégration à la filière comme marché de dégagement des bêtes non commercialisables autrement, et surtout de ce qu’aucune institution religieuse ou économique n’est capable de définir ce qu’est une viande حَلٰل‎ halal . Mais, dans ce cas, l’idée de désorganisation du marché halal elle-même n’a pas de sens.

Aujourd’hui, sur les marchés islamiques, ce sont les conditions de l’échange qui semblent faire la viande «حَلٰل‎ halal », non seulement les prescriptions dites rituelles qui lui sont appliquées. En cela حَلٰل‎ halal se distingue bien de cacher כָּשֵׁר (kashrut, כַּשְׁרוּתC'est également ce sens de « convenable » et « valable »), comme les mots qui traduisent ces deux notions. حَلٰل‎ Halal veut dire permis ou licite, alors que cacher signifie conforme. Ce qui est conforme l’est par rapport à une norme, ce qui est permis l’est par rapport à un interdit. La norme israélite est relativement fixée : même si les interprétations et pratiques varient aussi considérablement, elle implique l’existence d’une organisation garante de cette norme. La licéité musulmane est une construction sociale structurée, encadrée, par des principes religieux qui en définissent les principes, les limites, mais pas le contenu. Comment imaginer qu’un organisme religieux soit rémunéré pour un service qu’il est dans l’incapacité de rendre ?

 

Bibliographie

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BENKHEIRA H., 1999. « Le rite à la lettre. Régime carné et normes religieuses » in BONTE P., BRISEBARRE A.-M. & GOKALP A. (dir.), Sacrifices en islam. Paris, CNRS : 78.

BERGEAUD F., 1999. L’institutionnalisation de l’islam à Bordeaux. Thèse de doctorat en sociologie, Juin.

BERGEAUD F., 2000. Entretien avec Tareq Oubrou :  « Le “minimum islamique” pour l’abattage rituel », La Médina, juin, numéro spécial sur la viande halal.

BERGEAUD-BLACKLER F., 2001. « Viande de boucherie française et viande de boucherie marocaine, sur les principes structurant la qualité de la viande », Bastidiana, à paraître.

CHARNAY J.-P., 1994. Sociologie religieuse de l'islam. Paris, Hachette (coll. Pluriel) : 109.

DOUGLAS M., 1979. « Les structures du culinaire », Communications, 31.
DOI : 10.3406/comm.1979.1475

DRAZ M.-A., 1951. La morale du Coran. Paris, PUF, rééd par le Ministère des Habous et des Affaires Islamiques du Royaume du Maroc, Rabat, 1983.

DUBESSY F., 1992. « Les GMS s'ouvrent peu à peu à la commercialisation des produits rituels », Filières Viande et Peche, mars : 81.

FRIEDBERG E., 1988. « L’analyse sociologique des organisations », Revue du GREP, 28.

GUESDON, CHOTTEAU & KEMPF, 1995. Vaches d’Europe, lait et viande aspects économiques. Paris, Ed. Economica.

HARRAMI N., 1997. La participation des jeunes issus de l'immigration marocaine à la culture parentale. Bordeaux, thèse.

MISSION AGRO-DEVELOPPEMENT, 1995. Le marché de la viande halal en France, rapport commandé par Interbev et le ministère de l’Agriculture (DGAL). Paris.

Notes

 Arrêté du 15 décembre 1994 relatif à l’agrément d’un organisme religieux habilitant des sacrificateurs rituels, signé par le ministre de l’Agriculture (Jean Puech) sur proposition du ministre de l’Intérieur (Charles Pasqua).

 Rédigée par le Dr Sedikki secrétaire général du Conseil Représentatif des Musulmans de France, proche du recteur de la Mosquée de Paris.

 Arrêté du 27 juin 1996.

 Le magazine des Abattoirs, janvier 1995, entretien avec Philippe de Guénin.

Coût d’assistance technique et théologique.

 A la même période la Coordination des Musulmans de France présidée par Dalil Boubaker rassemblant les principales organisations islamiques était invitée à signer une « charte » définissant les droits et les devoirs des musulmans de France. Cette charte qui prévoyait en outre la création d’un conseil consultatif, était rédigée par la Mosquée de Paris sans consultation des autres membres qui la rejetèrent en l’état (Le Monde, 12/12/1994).

 Le magazine des Abattoirs, janvier 1995.

 L’arrêté prévoyait que les cartes délivrées par le préfet était valable jusqu’au 30 octobre.

 Pour avoir une idée de renchérissement qu’implique un tel traitement pour un kilogramme de viande, on peut prendre par exemple l’organisation de la cacherout à Paris. Elle s’effectue conjointement par trois organes : le Beth Din, organisme religieux qui a en charge l’agrément des personnels religieux et la surveillance de la conformité rituelle, le Consistoire qui traite des questions administratives, emploi du personnel, collecte des redevances, et enfin une commission de "la כַּשְׁרוּת  cacherout" composée de juifs religieux et laïcs qui oriente la politique commerciale, attribue les labels et fixe le montant des redevances. Dans ce cas de figure, le montant des redevances, supportée au final par le consommateur peut s’élever à 8,20 F par kilogramme de viande (ibid. : 379).

 En théorie, la taxe religieuse est censée rémunérer celui qui effectue les opérations de transformation du produit en produit rituel, en vertu d'un programme élaboré par une institution. Le montant de cette redevance est donc affecté d'une part au paiement des opérations effectuées pour que la viande soit conforme aux prescriptions rituelles et d'autre part à la rémunération du service rendu par l'institution qui énonce ces prescriptions. Ce service peut au minimum consister en l'énonciation des conditions rituelles, mais il peut également s'élargir et inclure tous les contrôles de conformité, la nomination des sacrificateurs, des contrôleurs, ou encore des surveillants chargés de statuer sur la conformité des nouveaux ingrédients introduits dans la chaîne alimentaire.

 Cette réglementation prévoit notamment des dérogations spéciales en cas d'abattage rituel concernant d'une part la saignée (dérogation à l'obligation d'étourdissement avant saignée : décret n° 80-791 du 1er octobre 1980) et d'autre part le traitement des abats : estomacs, intestins et vessies (note de service du 7 mai 1986) et donne obligation aux abattoirs d'user d'appareils agréés pour immobiliser les animaux avant leur égorgement rituel.

 En considérant un nombre de 280 sacrificateurs habilités par les trois mosquées  cela ferait un « chiffre d’affaire » de 280 000 F à se partager pour les trois mosquées. Cf. Mission Agro‑Développement (1995).

 Les découpes n’étant pas les mêmes, la comparaison des prix s’avère complexe. Mais, si l’on prend l'exemple des ovins, le prix moyen au kilo d’une côtelette est jusqu’à deux fois moins élevée dans une boucherie islamique que le même morceau dans les linéaires d’une grande surface. Un rôti dans la noix de gîte peut coûter trois fois moins cher que dans une boucherie traditionnelle française (40F/kg au lieu de 120F/kg).

 C’est une caractéristique très particulière de ce secteur alimentaire que d’être assez imprévisible. Le prix de la viande de mouton, notamment, dépend des variations en amont de la filière, le cours du mouton étant particulièrement instable.

 A l’exception notable de la visite d’un inspecteur sur demande des négociants de l’abattoir de Bordeaux, suite à un conflit entre un habitué des abattoirs et un négociant marocain qui souhaitait lui faire concurrence. Cf. Bergeaud, (1999).

 Dans le cas de l’abattoir public. La plupart des abattoirs équipés de ce dispositif sont des abattoirs publics ou privatisés après achat du matériel. Certains abattoirs répercutent une taxe sur le prix de la viande, mais celle‑ci est généralement faible ; nous pouvons l’estimer inférieure à 1 F. Cf. Mission Agro‑Développement, op. cit.

 Le terme « حَلٰل halal » est peu employé et lorsqu’il l’est, il est parfois confondu avec «  ٱللَّهِ ALLAH», quant à l’expression « brebis couscous » elle est assez souvent employée.

 Entretien avec un responsable commercial du Groupement d’Eleveurs Girondin, janvier 2000.

 Bovins âgés de 6 à 24 mois. Le broutard comme son nom l’indique, pâture après une période courte d’allaitement. Il est ensuite « engraissé » c’est‑à‑dire soumis à une alimentation forcée dans un hangar d’où il ne sort plus pendant plusieurs mois pour obtenir en un temps réduit son poids et gabarit adulte. On l’appelle alors taurillon, baby, Jeune Bovin ou « JB ».

 Entretien avec un négociant d’abattoir chargé de l’approvisionnement en bovins vifs pour l’abattoir de Pau (64).

 L'interprofessionnelle de la filière viande et produits carnés souhaite développer en France des labels qualité et des certifications de conformité dans le but d’obtenir des produits mieux calibrés, plus réguliers, comme l’exigent la grande distribution et les entreprises de restauration collective. Les boucheries détaillantes, elles aussi, par nécessité de se distinguer de la qualité GMS réclament des labels qualité, cela sous la pression de la concurrence européenne (britannique en particulier) et mondiale (Nouvelle‑Zélande) qui sévit depuis une vingtaine d’années.

 C’est dans ce cadre qu’il faut interpréter la tentative d’accord entre la FNEAP et Dalil Boubakeur pour organiser une « filière halal ».

 Cf. Filières Viande et Pêche, mars 1992.

 La France est devenue le 3e pays producteur de jeunes bovins (JB). Le développement de la production de taurillons a été principalement assuré par les éleveurs laitiers depuis les quotas. 60% de la production de l’Ouest de la France l’est en JB. Près de 80% sont destinés à l’exportation. La France exporte vers l’Italie, la Grèce, le Portugal et l’Allemagne. Sur ce sujet, on peut se référer à Guesdon, Chotteau, Kempf, (1995).

Sur le marché intérieur, les JB partent pour une faible proportion en boucherie traditionnelle dans l’Est de la France. Le Sud‑Ouest traditionnellement ne connaît pas ce type de viande rosée que produit cet animal « ni veau ni vache ».

 Cf. Magazine La Médina a dans lequel plusieurs articles dénoncent la mauvaise qualité de la viande halal. Certains marchés en effet peuvent être traversés par des viandes de médiocres qualités, mais une généralisation à tous les circuits halal français n’est fondée sur aucune enquête systématique.

 La « viande de Slimani (un des plus importants bouchers islamiques de Marseille) n'est pas chère car elle n'est pas حَلٰل‎ ḥalāl », propos rapportés par F. Dubessy (1992 : 81).

 « La تَسْمِيَة tasmiya  "la prononciation de vénération pour DIEU" De Part le Nom de DIEU بِسْمِ ٱللَّٰهِ bIsmi ALLAH -  Au nom de DIEU le Tout Clément, le Très Miséricordieux بِسْمِ ٱللَّٰهِ ٱلرَّحْمَٰنِ ٱلرَّحِيمِ  bIsmiLlāhi r-Raḥmāni r-Raḥīmi» est recommandable ( مُسْتَحَبّ mustahabba) au moment de l’abattage […]. Si elle est omise involontairement ou par inadvertance, la victime est licite ; cependant son omission volontaire est réprouvable » (Nawawî, Rawda, III, 205) cité par Hocine Benkheira (1999 : 78).

Qabas, II, 619, cité par Hocine Benkheira (ibid : 78).

 Hoceine Benkheira, anthropologue algérien, s’appuie sur l’étude de nombreux textes exégétiques et juridiques dont il est le seul auteur arabisant et francophone à faire une étude systématique qu’il soumet méthodiquement à la critique anthropologique. Il écrit : « Il ressort donc très clairement, sur cette question précise, que la licéité n’est qu’une fiction. Si un musulman m’offre – à moi qui suis musulman – de la nourriture carnée, je ne peux refuser de la consommer sous prétexte que j’ignore si l’on a ou non invoqué le nom de Dieu sur la victime dont elle provient » (ibid : 80).

 El-Boukhâri, dont les hadiths sont unanimement considérés comme sûrs, rapporte que, d’après Aïcha, certains fidèles dirent au Prophète : « des gens nous apportent de la viande et nous ne savons pas si on a invoqué ou non sur elle le Nom de DIEU. – Invoquez le Nom de DIEU sur cette viande, répondit le Prophète, et mangez‑la ». El Boukhâri, (Mouhammad al-Boukhârî  محمد البخاري, connu sous le nom d'imam Boukhari ou al-Boukhari 810 - 870 de notre ère est un érudit musulman sunnite) Les traditions islamiques, IV, trad. G. Houdas, Paris, MDCCCCXIV.

 Cheikh Qaradahoui, « Le licite et l’illicite ».

 Cf. Florence Bergeaud (2000). Tareq Oubrou est imam de la Mosquée de Bordeaux, Président de l’Association des Imams de France, membre actif de l’UOIF (Union des Organisations Islamiques de France).

 Cf. notamment Thèse Noureddine Harrami (1997).

 « En raison du caractère logocratique de l'islam orientant la multiplicité des comportements et l'ensemble de la vie sociale selon la Loi divine, comme de la structure sociale, le doute réapparaît avec violence sous un double aspect sur l'observance […]. D'où cette auto‑culpabilisation résultant d'interrogations renouvelées, ces fantasmes ( التخيل takhyîl) qui ravagent l'esprit des fidèles trop délicats, et qui apparaissent à la fois comme une conséquence du désir de pureté et une maladie – une névrose – qui finit par obscurcir l'idée de la divinité et l'intention de l'observance » (Charnay, 1994 : 109).

 Cf. notre article (Bergeaud-Blackler, 2001).

 Titre respectueux que l’on donne à une femme, mère, généralement âgée et/ou qui a effectué le pèlerinage à la Mecque et porte le   حِجَاب hijab voile-foulard, et est réputée pour sa sagesse face aux épreuves de la vie.

voir lien sur le sujet: http://lamosquedethouars.e-monsite.com/pages/voile-an-niqab-khimar-jalabiybihina.html

 Un sacrificateur musulman me vantait les mérites de cette organisation consistoriale modèle qui payait un taxi au sacrificateur, le chauffeur attendant à la porte de l’abattoir que l’homme ait fini sa mission pour le raccompagner.

Référence papier

Florence Bergeaud-Blackler, « La viande حَلٰل‎ halal peut-elle financer le culte musulman ? », Journal des anthropologues, 84 | 2001, 145-171.

Référence électronique

Florence Bergeaud-Blackler, « La viande halal peut-elle financer le culte musulman ? », Journal des anthropologues [En ligne], 84 | 2001, mis en ligne le 01 janvier 2002, consulté le 12 avril 2021. URL :http://http://journals.openedition.org/jda/2604 ; DOI : https://doi.org/10.4000/jda.2604

  • Bergeaud-Blackler, Florence. (2006) Halal : d’une norme communautaire à une norme institutionnelle. Journal des anthropologues. DOI: 10.4000/jda.1270
  • Wright, Wynne. Annes, Alexis. (2013) Halal on the menu?: Contested food politics and French identity in fast-food. Journal of Rural Studies, 32. DOI: 10.1016/j.jrurstud.2013.08.001

études les Echos septembre 2016

Les milliards si convoités de la filière Halal

Pour financer de nouvelles mosquées, le gouvernement a lancé l’idée d’une contribution négociée sur l’économie du halal. Un marché évalué à plusieurs milliards d’euros, en expansion rapide

Concilier la culture, l’identité, la religion voire le goût et la gastronomie. C’est l’enjeu d’un marché حَلٰل‎ halal en pleine forme avec, en France, la première population musulmane d’Europe. Mais ces temps-ci, c’est sa dimension financière qui fait l’objet de toutes les attentions.

Début août, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a ressorti l’idée d’une « contribution volontaire et négociée » de la filière حَلٰل‎ halal pour financer la construction de lieux de culte musulmans et la formation théologique des imams, sans recours à des fonds étrangers. Une piste également évoquée récemment par Jean-Pierre Chevènement, le président pressenti de la Fondation des œuvres pour l’islam de France. Elle a aussi ses partisans à droite, à l’image du président du Modem, François Bayrou, ou de Nathalie Kosciusko-Morizet. Et est préconisée par l’Institut Montaigne dans son rapport sur l’islam de France. (la suite par abonnement)

LA TAXE حَلٰل‎ ḥalāl 

La « taxation » حَلٰل‎ ḥalāll est bien réelle mais difficile à  calculer dans le maquis des organisations islamiques détentrices du pouvoir de « label ».

Le moins que l’on puisse dire est qu’il y a une grande opacité, sans doute héritée de ce qu’on appelle « l’Orient compliqué »…

Kamel Kabtane, recteur de la grande mosquée de Lyon déclarait  le 12.08.2010 dans les colonnes  du Parisien « Par kilo de viande, la certification halal coûte entre 10 à 15 centimes d’euros”  Il sait de quoi il parle, car il y a 3 mosquées habilitées en France, Lyon, Paris et Evry.

Et ce n’est sans doute que la partie émergée de ce commerce juteux qui donne à l’islam des moyens d’existence énormes, en contradiction avec les principes de laïcité et des règles commerciales.

Il est totalement anormal de payer une taxe indue et à notre insu !!

Laisser ignorer à l’acheteur qu’il paye en plus du prix du produit une prestation qu’il n’a pas sollicité est constitutif :

– de vente liée : « Il est interdit de subordonner la vente d’un produit à l’achat d’un autre service » Code de la consommation article L 122-1

– d’escroquerie : « L’escroquerie est le fait (…) de tromper une personne physique ou morale et de la déterminer ainsi à son préjudice ou au préjudice d’un tiers à remettre des fonds » Code pénal article 313-1

-de pratique commerciale trompeuse : « Une pratique commerciale est trompeuse (…) lorsqu’elle repose sur des présentations fausses (…) portant sur les caractéristiques essentielles du bien » telles que « son mode de fabrication« .

« Une pratique commerciale est également trompeuse si (…) elle omet ou dissimule (…) une information substantielle » telle que « les caractéristiques du bien » Code de la consommation article L 121-1, modifié par la loi n° 20008-776 du 4 août 2008 -article 83

Espagne : 250 téléboutiques, boucheries et épiceries ‘حَلٰل‎ Halal’ qui financeraient Daech et Al Qaida

Madrid : Un rapport des services spéciaux espagnols, met en accusation un réseau de commerces et entreprises appartenant à des membres de la communauté musulmane qui tremperaient dans le financement de Daech et Jabhat Al Nusra en Syrie.

En effet, Les services spéciaux espagnols ont indiqué que plus de 250 téléboutiques, de Boucheries Hallal et d’épiceries Hallal, propriétés de musulmans vivants en Espagne, seraient impliqués dans le financement de Daech et Jabhat Al Nusra en Syrie, et ce via un réseau international incontrôlable de transfert de fonds, dit ‘Hawala’.

Selon un rapport sur le sujet, publié par le quotidien espagnol El Pais et l’agence de presse italienne, Ansamed, les services de sécurité espagnols auraient identifié environ 300 terminaux et ‘bureaux’ clandestins du réseau ‘Hawala حِوالة, qui signifie mandat ou virement’ dans les villes de Barcelone, Tarragone, Lleida, Bilbao, Santander, Valence et Madrid. Ce réseau est utilisés  paraît -il pour financer les activités jihadistes tout comme il serait utilisé par des immigrants syriens, tunisiens, algériens et pakistanais pour envoyer en dehors de l’Espagne, des fonds dont les conditions d’acquisition ne sont pas toujours avouables.

https://vigilancehallal.com/la-taxe-halal/

Par ces diverses information j'espèreavoir donnés suffisemment d'informations pour voir la complexité du sujet au détriment de la communauté musulmane en France et Dom Tom qui aimerait bien avoir le droit aussi à une partie du fruit de cette Redevance pour le projets de chacune des associations dites musulmmane tant nécessaires

le 12 avril 2021  

Baudrier Gérard Ibrahim modérateur du site (attention le site est indépendant de l'association des musulmans sise à Thouars 79)il n'est qu'un complément d'information pour tout le pays avec transparence et sans tabous

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